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du spiritisme qui ont perdu un être cher à la guerre et qui croient qu’il revient chaque soir causer avec eux. Ils tirent de là des consolations certaines que je me garderai bien de vouloir ébranler. La question de savoir si ces conversations spirites avec les morts ne sont pas, dans un grand nombre de cas, de nature à ébranler la raison de ceux qui les tiennent mériterait d’être examinée, mais elle n’est pas de mon ressort. Un fait certain est que des hommes considérables, et par ailleurs parfaitement équilibrés et doués du sens pratique le plus aiguisé, — comme W. Stead, le célèbre rédacteur en chef du Times, qui n’en fait pas mystère, — se livrent à ces pratiques spirites.

La sagesse et la tolérante indulgence qu’on doit aux actes de foi et de sentiment quels qu’ils soient, commandent donc de ne pas rechercher si la doctrine spirite repose ou non sur une illusion. L’illusion en matière de sentiment est une chose précieuse et respectable.

Ce qui est un peu embarrassant, c’est que la doctrine spirite prétend se fonder sur des faits quotidiens, observables, renouvelables et comme tels justiciables de la critique et de l’expérimentation scientifiques, et notamment sur ce phénomène qu’on appelle l’ectoplasme. Le professeur Richet va, heureusement, nous tirer de cet embarras. Dans son Traité de métapsychique il a exposé et montré avec beaucoup de force et d’une manière difficilement réfutable que les faits métapsychiques, si anormaux qu’ils puissent paraître à ceux qui croient à leur réalité, admettent d’autres interprétations que l’interprétation spirite, et qu’ils pourraient être annexés à la science expérimentale, et particulièrement à la physiologie, sans invoquer nécessairement aucune doctrine qui fasse appel au surnaturel.

Et alors, nous avons le pouvoir d’apaiser les scrupules des spirites et de leur dire. Vos opinions et vos croyances spirites peuvent rester à l’abri de toute discussion, comme tout ce qui touche au domaine sacré de la conscience. Mais les phénomènes métapsychiques (la lévitation, l’ectoplasme et les autres manifestations médiumniques) peuvent et doivent être examinés indépendamment de toute interprétation spirite ou non spirite qu’on peut en faire. Cela est d’autant plus évident que beaucoup d’hommes éminents, à la suite du professeur Richet, admettent les phénomènes métapsychiques et les considèrent comme des phénomènes naturels et sans aucun rapport avec l’hypothèse spirite.

Ainsi dans l’antiquité le tonnerre et la foudre étaient considérés