Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA CRISE DE LA PAIX
AUX ÉTATS-UNIS
ET LES RELATIONS FRANCO-AMÉRICAINES

C’est l’examen d’un problème très complexe, et c’est aussi en quelque manière, du point de vue français, l’exposé d’un drame.

Le programme wilsonien de la paix, avec son article essentiel, le pacte de la Société des Nations, et son article accessoire, le pacte éventuel de sauvegarde franco-anglo-américain, a été rejeté par les représentants de la nation même qui avait élu pour son chef responsable le président Wilson. La France s’était ralliée aux vues américaines, qui lui offraient du moins, en échange de sacrifices immédiats et positifs, des promesses de garanties : le traité enregistra les sacrifices ; le Sénat américain refusa les garanties. C’est là le drame.

Et voici le problème. La longue discussion du traité et l’échec final ont marqué le retour des Etats-Unis à leur politique traditionnelle, celle de leurs principes et aussi de leurs préjugés, de leurs habitudes. Pourquoi et comment ils en étaient sortis, nous l’avions compris bien vite. Il nous est plus difficile de comprendre, — mais il faut pourtant que nous y parvenions, — comment et pourquoi ils y sont si vite revenus.

Il n’était point contesté que les Etats-Unis ne se fussent élevés dès la fin du dernier siècle au rang de « puissance mondiale ; » il n’est pas contestable que la grande guerre et ses conséquences ne les aient engagés beaucoup plus avant encore