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C’est son salut que je vous apporte aujourd’hui, Français de Tanger, avec l’hommage de sa sollicitude et de sa reconnaissance. Car, dans cette longue lutte, dont l’âpreté et l’étendue ont dépassé toutes les précédentes, vous vous êtes placés parmi les plus vaillants, ainsi qu’en témoignent vos blessures, les croix que je vois sur vos poitrines et la liste de vos morts devant qui je m’incline pieusement. C’est aussi grâce à vous que la France a montré qu’elle gardait ses anciennes qualités d’audace, d’énergie, de fougue dans l’attaque ; elle s’en est découvert d’autres, acquises dans la guerre et qui se conservent dans la paix : la patience, la ténacité dans toutes les épreuves, la confiance inébranlable dans la victoire finale du Droit.

Je suis heureux de voir tous les groupements de la colonie française s’unir à vous, dans une discipline volontaire, autour du digne représentant de la France ; je suis heureux de voir parmi vous les anciens tirailleurs marocains, vos compagnons de la grande guerre. Travail, union, ténacité, patience, voilà vos qualités constantes, qui restent au service de notre Patrie bien aimée. Vive la France !


La soirée se termine, comme il convient, par un bal où je dois faire acte de présence, et nous rentrons à bord assez tard,

Le lendemain 8, je réunis à bord les ministres de France, d’Angleterre, des Etats-Unis, de Belgique, d’Italie, du Portugal, ainsi que leurs familles. L’amiral Pugliesi-Conti fait merveille dans ces réceptions où le décor de la marine militaire déploie les élégances de sa pompe. Je constate que mes hôtes savent très bien distinguer les bons vins de ceux qui sont seulement passables, et j’en tire bon augure pour notre viticulture.

Puis c’est l’appareillage et nous voici en haute mer, dans l’Océan atlantique.


ÎLES CANARIES

Nous faisons route vers la Grande Canarie, la principale des Iles Fortunées, car nous devons prendre 1 200 tonnes de charbon à la Luz, port de Las Palmas qui est la capitale. Cette escale est motivée par la nécessité de mélanger notre mauvais charbon de la Ruhr avec du Cardiff que nous allons y trouver. De fait, combustibilité à part, notre machine crache une fumée épaisse