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joué un rôle des plus utiles en Espagne et en Russie pendant la guerre ; ses études et ses voyages lui ont donné une connaissance étendue, précise et pratique, des questions économiques que ma mission ne peut ignorer ; son fils l’accompagne et le seconde utilement. Le contre-amiral Pugliesi-Conti, commandant la Division navale de l’Atlantique, fait partie de ma mission, ainsi que son aide de camp, le lieutenant de vaisseau Reullier : son tact, sa courtoisie et son sens de l’organisation m’aideront beaucoup dans les réceptions à bord. Mes adjoints sont le colonel Amédée Thierry, de l’infanterie coloniale, qui étudiera avec moi les questions militaires, ainsi que le lieutenant-colonel Icre, de l’artillerie métropolitaine, dont la compétence hors de pair sera utilisée dans sa technique. Enfin, j’ai emmené mon officier d’ordonnance, le lieutenant de cavalerie Clarac-Duvivier, que doubleront successivement les enseignes de vaisseau Guyot de Salins et Brunhes. Et chaque fois que l’occasion s’en présentera, l’état-major du Jules Michelet débarquera à tour de rôle un certain nombre d’officiers, ravis de prendre terre et de s’instruire, et qui représenteront dignement leur corps et leur pays.

Le Jules Michelet est un beau croiseur cuirassé de 14 000 tonnes, 800 hommes d’équipage ; un peu démodé, il reste une sérieuse unité de combat. Il a beaucoup navigué pendant la guerre et, quoique réparé, il a besoin d’une sérieuse toilette pour passer de la peinture de guerre dont il est encore revêtu à la tenue brillante qui s’impose : ce sera l’affaire de deux ou trois semaines. Large et bien équilibré, le bateau est très marin, comme on dit à bord, et il faut vraiment que la mer soit très forte pour que les effets s’en fassent sentir.

La Méditerranée nous fut d’ailleurs particulièrement clémente. Après un bel appareillage, nous avons un spectacle intéressant et instructif pour nous. Notre départ fut l’occasion d’un exercice pour la défense sous-marine de Toulon ; quatre bâtiments s’étaient postés à portée de la route suivie par le Jules Michelet et firent le simulacre de l’attaquer : un seul parait avoir eu des chances de l’atteindre. C’est qu’il faut bien des conditions réunies pour qu’un sous-marin, filant 4 ou 5 nœuds en plongée, puisse s’approcher à portée de torpille d’un bâtiment marchant même seulement à 11 ou 12 nœuds : il s’agit d’une véritable embuscade, tendue à proximité de la route que suivra vraisemblablement le bâtiment à attaquer. Le moindre changement