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étrangères de la Petite Entente vont avoir très prochainement des conférences à Marienbad et à Prague ; on espère qu’il en sortira un renforcement des liens politiques et économiques des Étals qui la constituent. Le ministre de Pologne participera à certaines délirations. Demandons à tous les « États successeurs » de mettre à l’ordre du jour de leurs entretiens le problème autrichien et de réaliser avec le Cabinet de Vienne des accords douaniers et ferro- viaires qui aident l’Autriche à sortir de son dangereux isolement économique. Le chancelier d’Autriche a été moins bien inspiré en allant à Berlin conférer avec M. Wirth. Il sait qu’il ne peut attendre de l’Allemagne ni aide pécuniaire, ni appui politique. A-t-il cru trouver dans une telle visite un moyen d’alarmer l’Entente et de hâter ses résolutions ? Ou plutôt, ce voyage, qui précède une prochaine entrevue de Mgr Seipel avec M. Schanzer, n’a-t-il pas été inspiré au Chancelier par la politique italienne ? L’Italie ne veut pas que Tchécoslovaques et Yougoslaves se donnent la main dans la capitale d’une Autriche devenue leur alliée ; il convient, pense-t-elle, à ses intérêts que l’Europe centrale reste « balkanisée ; » elle y exercera plus à son aise sa politique d’hégémonie. Une note officieuse publiée par la Tribuna du 23, précise les cas où l’Italie se croirait obligée d’intervenir en Autriche par les armes. M. Schanzer semble pousser l’Autriche à la catastrophe pour mieux la prendre en tutelle ; il cherche à intimider Belgrade et Prague. Une lettre émouvante de sir William Goode au Times du 24 précise le danger et fait appel aux Puissances. La Société des Nations a l’autorité morale nécessaire pour veiller au maintien du statu quo politique dans l’Europe danubienne ; mais il faut, sans délai, qu’on vienne au secours de l’Autriche en lui garantissant le capital nécessaire à sa reconstitution. Dans une telle urgence, un Gouvernement doit pouvoir agir sans l’approbation préalable du Parlement.

Il faut traiter la question d’Autriche comme une affaire qui rémunérera le capital engagé. Pourquoi, par exemple, un syndicat de banquiers américains, italiens, tchèques, français, ne créerait-il pas une sorte de Compagnie à charte pour la mise en valeur des richesses de l’Autriche, avec l’appui et la garantie des Gouvernements de l’Entente ? Mais l’Entente, qui a eu de grands chefs militaires, n’a pas encore trouvé le banquier à l’imagination hardie qui s’affranchira des routines désuètes et des théories que l’expérience a ruinées pour fonder sur de nouvelles données une politique de la finance. Le Gouvernement de l’Autriche ne saurait, sans un appui extérieur, trouver