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nouvelles violations de la propriété privée, toute résistance devient vaine. Force est donc qu’une entente s’établisse entre les communes et les banques de Lille, Roubaix, Tourcoing, Douai, Valenciennes et Cambrai, pour arriver à des combinaisons d’emprunt qui permettraient aux communes de se libérer du poids de leur contribution, et d’arrêter les mesures de coercition, dont la plus redoutable était l’ouverture des coffres-forts des banques et des particuliers, entraînant la paralysie générale des affaires.

Sous cette contrainte, et tout en protestant contre le principe de la solidarité, les maires acceptent de se porter forts pour toutes les autres communes et de garantir aux banques les avances demandées. Celles-ci devaient être remboursées dès que la Banque de France aurait repris son fonctionnement, deux tiers en monnaie française, un tiers en bons des villes de Lille, Roubaix, Tourcoing, les banques devant, en effet, avoir besoin, à ce moment, de tous leurs capitaux pour assurer la mise en marche du travail dans les usines et faciliter la reprise du commerce et de l’industrie.

Sans attendre le résultat de ces conférences en vue de donner aux communes de la région la possibilité de payer leurs contributions arriérées, le commandant supérieur de la VIe armée, von Hartz, dont l’intervention alterne avec celle du gouverneur de Lille, von Heinrich, s’avise d’un procédé plus expéditif. Les banques avaient été invitées à fournir les listes de leurs valeurs (argent comptant, créances à l’étranger et coupons). Le commandement supérieur en demande la remise effective, avec cette nouvelle prétention de faire valoir ces créances pour le compte de la Commission des maires et des banques. Les sommes qui rentreront, ainsi que l’argent comptant à payer, seront inscrites au crédit de la commune, lors de la remise, et il en sera tenu compte, au moment du paiement des contributions futures.

Cette invitation, comme d’ailleurs les menaces, étant restée sans effet, il importait cependant de trouver une solution. Une somme de 16 millions n’avait pas encore été réglée et s’augmentait chaque jour d’une amende de 100 000 francs. De plus, les six grandes villes de la région : Lille, Roubaix, Tourcoing, Douai, Cambrai et Valenciennes, avaient été déclarées solidairement responsables, conjointement avec les banques régionales