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et l’univers tournant ou l’univers immobile et la terre tournant.

Si l’ensemble des masses de l’univers est supposé disparaître, la question de savoir si la terre tourne n’a plus aucun sens du point de vue de la théorie de la relativité. En ce cas, le système par rapport auquel le pendule oscillerait dans un plan invariable serait lié à la terre et immobile par rapport à elle. Selon la mécanique classique, au contraire, rien ne serait changé par l’évanouissement de toutes les masses de l’univers, et le plan d’oscillation du pendule de Foucault continuerait à tourner par rapport à la terre.

Malheureusement, nous n’avons aucun moyen de supprimer tous les astres autres que la terre pour départager les deux doctrines. Et comme nous ne pouvons même pas arrêter par des écrans quelconques les actions gravifiques de l’ensemble des étoiles, c’est dans le champ de gravitation créé par celles-ci que nous continuerons, bon gré, mal gré à réaliser l’expérience de Foucault.

Ce qui a en somme rendu possibles à la fois les calculs victorieux, par lesquels on a incorporé les mouvements de rotation à la théorie d’Einstein et l’idée même de cette incorporation, c’est la conception très générale et très souple qu’on se fait aujourd’hui, grâce à Einstein, des actions de gravitation, des champs gravifiques.

Grâce « au principe d’équivalence, » Einstein a montré (et les vérifications des faits nouveaux annoncés sur ces prémisses ont assis solidement celles-ci), que tout mouvement relatif varié est assimilable à un champ de gravitation et réciproquement. On conçoit donc maintenant, ce qui eût beaucoup étonné les savants il y a une vingtaine d’années, qu’il puisse y avoir des champs de gravitation de natures très variées et très différents du champ de gravitation attirant, uniforme et invariable que définissait la loi de Newton. On conçoit maintenant sans trop s’étonner qu’un champ de gravitation puisse suivre des lois très différentes de la loi de Newton, puisse être engendré par un mouvement particulier de l’observateur (mouvement de rotation ou autre), puisse produire les effets singuliers que nous montre la force centrifuge. Bien plus, Einstein nous a montré que le champ de gravitation observé, comme le temps observe, comme l’espace observé à propos d’un même phénomène est essentiellement variable et relatif et dépend du point de vue de l’observateur et de son mouvement relativement aux choses