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étonnantes auxquelles ont conduit ces équations et notamment l’explication de l’anomalie longtemps incompréhensible du mouvement du périhélie de la planète Mercure.

Ces équations déjà éprouvées au feu lumineux des vérifications, il importait donc de les appliquer au problème de la rotation.

C’est à quoi s’est appliqué récemment Einstein, à travers des difficultés techniques qui eussent rebuté et arrêté vingt fois tout autre que lui. Ces difficultés, qu’on me saura gré de passer ici sous silence, il en a triomphé, et le succès a couronné ses efforts et conduit à bonne fin le calcul entrepris.

Ce calcul est fondé entièrement sur le résultat auquel est arrivé par ailleurs Einstein, relativement ; i la question si ancienne et si controversée : la quantité de matière contenue dans l’univers est-elle ou non infinie, en d’autres termes : l’univers matériel est-il infini ?

Que signifient ces mots : l’univers est infini ? Du point de vue einsteinien, comme du point de vue newtonien, comme du point de vue pragmatiste, cela veut dire : Si je marche droit devant moi, toujours et jusqu’à la fin de l’éternité, je ne reviendrai jamais à mon point de départ.

Est-ce possible ? Newton dit nécessairement oui, puisque l’espace pour lui s’étend, indéfini, indépendant des corps qui y sont plongés, que le nombre des étoiles soit ou non limité.

Mais Einstein dit : non. Pour le relativiste, l’univers peut n’être pas infini. Est-il donc borné, limité par je ne sais quelles balustrades ? Non. Il n’est pas limité.

Quelque chose peut être illimité sans être infini. Par exemple un homme qui se déplace à la surface de la terre pourra en faire indéfiniment le tour en tous sens sans être arrêté par une limite. La surface de la terre ainsi envisagée, comme la surface d’une sphère quelconque, est donc à la fois finie et illimitée. Eh bien ! il suffit de reporter, dans l’espace à trois dimensions, ce qui se passe dans l’espace à deux dimensions qu’est la surface sphérique, pour comprendre que l’univers puisse être à la fois fini et illimité.

Par suite de la gravitation, l’univers einsteinien n’est pas euclidien, mais incurvé, parce que, notamment, la lumière s’y propage en ligne courbe. Il est difficile, sinon impossible, de se représenter, de visualiser une incurvation de l’espace. Mais