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peut se traduire par Age quod agis, avec tous tes-moyens, dans le calme et l’espérance.


EN ALSACE


22 octobre 1919.

Me voici installé dans le Palais des gouverneurs de Strasbourg ; j’occupe le bureau du général Ducrot encore orné du portrait en pied de Napoléon III, grande toile de Winterhalter.

Aurais-je jamais pu rêver semblable fortune, alors que, modeste enfant de troupe, comme tout jeune homme, j’espérais pourtant beaucoup de l’avenir ? Dieu m’a tellement comblé en toutes façons que l’amplitude de ma dette à son égard m’effraierait, si je ne le savais immensément bon et indulgent.

Strasbourg m’a fait un accueil cordial et flatteur. M. Millerand avait estimé qu’il convenait, pour affirmer mon prestige, de reprendre le cérémonial d’autrefois. Toute la garnison était donc dehors. Nombreuses maisons étaient pavoisées, les gens acclamaient, les cloches sonnaient... Oui, vraiment c’était comme un rêve... Les visites officielles ont été échangées dans un esprit de cordialité touchant. Ces cœurs alsaciens sont vibrants et accueillants. Des paroles impressionnantes ont été prononcées ; quel souvenir !

Le commissaire général me marque une confiance entière. Bref, les débuts de mon règne, avec la gaieté d’un temps merveilleux, sont favorisés de tous les sourires.


Général HUMBERT.