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perdait 50 pour 100. Depuis, la situation a sensiblement empiré.

La guerre, qui a enrichi le pays, y a fait sentir en même temps les mêmes conséquences qu’elle a répandues sur toute la terre. C’est un des faits les plus étranges et les plus instructifs de notre temps que les mêmes difficultés que nous avons vues à Paris se retrouvent à Montevideo : crise des loyers, crise des logements, crise de la vie chère, crise des domestiques, crise de la monnaie. On les retrouverait d’ailleurs aussi bien à Londres, à New-York, à Berlin. La vérité est que l’univers est une coque vibrante, et qu’on ne peut frapper un point, sans que toute la surface retentisse. Cette vérité est peut-être tout le secret de la politique de l’avenir.

Une vie politique intense. Une dizaine de grands journaux généralement très bien faits. Deux partis : le parti blanc ou conservateur, à peu près homogène avec le journal El Païs ; un parti rouge, qui se subdivise. A l’aile avancée, le parti Ballliste, avec le journal El Dia. Un trait caractéristique de cette politique, quelle qu’en soit la couleur, est d’être faite par de tout jeunes gens : le président de la République, M. Brum, a l’âge où l’on commence en France sa carrière. J’ai vu, en 1919, les deux frères Buero, l’un ministre des Affaires étrangères, l’autre des Finances, et qui étaient de tout jeunes gens. Le sénateur Sosa, qui dirigeait El Dia, n’était guère plus vieux qu’un de nos reporters a ses débuts. Cette politique, dans un jeune pays, aura nécessairement une autre allure que la nôtre et ne craindra pas les aventures.

En fait, un pays très avancé, où les lois sociales les plus hardies sont appliquées. Ces expériences qui sembleraient téméraires ne le sont pas, étant contrebalancées par la richesse foncière du pays et par le conservatisme des mœurs. Les résultats non plus ne peuvent pas nous servir d’exemple. Ce qui peut être retenu, ce sont les lois d’assistance, qui sont presque parfaites. Je cite entre beaucoup d’autres l’assistance médicale. Dans un cas urgent, accident ou maladie subite, un coup de téléphone suffit pour amener le secours médical gratuit. Pour les riches, il cesse après les premiers soins ; pour les pauvres, il se prolonge.

Ce pays est en voie d’évolution. De la campagne qui est la cause de sa fortune, les jeunes gens se précipitent vers la ville. L’Université de Montevideo, neuve et magnifique, sous le rectorat intelligent du docteur Barbaroux, regorge de milliers