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une partie de ce parc par chemin de fer et de le diriger vers le Sud. Ce même ordre établissait la composition exacte du futur parc de l’armée d’Italie, désignait les échelons successifs qui l’alimenteraient, réglementait la liquidation des installations, qu’il laisserait sur place, ainsi que les conditions de prise en charge des véhicules et des approvisionnements, qu’il passait aux parcs voisins, fixait les règles du ravitaillement en pièces de rechange, l’acheminement des commandes en cours, etc. Comme on le voit, c’est un flot de questions qui se presse dans de pareils moments !

Le 30 octobre, un groupe, fourni par le service automobile de la 10e armée, chargea le matériel du parc et le porta à Fère-Champenoise, où il fut embarqué sur wagons (plateformes) dans la soirée du 31. Après un circuit assez long, il était débarqué du chemin de fer dans la région d’Aix-en-Provence. Là, les camions automobiles le reprirent et le portèrent, par la route du bord de la mer et Alexandrie, jusqu’à Milan, puis jusqu’à Brescia : il s’installa à Brescia, avec une section avancée à Vicence (section de parc 24, à Brescia, section de parc 41, à Vicence). Par la suite, il devait se transporter à Vérone.

Ce déménagement compliqué d’un parc automobile sur un parcours de près de 1 500 kilomètres se fit sans encombre.

D’ailleurs, l’ensemble de tous les transports dans la zone Sud fut accompli sans accident grave : il faut bien dire que le climat rendait l’opération moins dure que dans la zone Nord.

Et puis, tout le monde était très gai, ce qui facilite singulièrement le travail, de quelque nature qu’il soit ; et, aussi bien, l’entrain n’était pas difficile à maintenir, dans ces paysages ensoleillés, surtout à partir du moment où des fantassins occupèrent les camions.

Ce n’est qu’une fois arrivés dans la plaine italienne, surtout dans les régions où les populations du Frioul, évacuées, refluaient misérablement, que les soldats de France reprenaient le sentiment de la gravité de la situation et de la responsabilité qui pesait sur eux.

Dans des notes publiées par l’Illustration[1], M. Robert Vaucher nous fait assister à l’une de ces mille scènes pittoresques auxquelles donnèrent lieu les premiers convois de

  1. Numéro du 24 novembre 1917.