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Il y avait deux moyens possibles : le chemin de fer, la route.


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Que permettait, d’abord, de réaliser le réseau ferré ?

Cette étude n’était pas nouvelle, car, dès le printemps de 1917, on s’était préoccupé de la possibilité d’amener des renforts du front français au front italien[1] ; des reconnaissances de détail avaient même été faites pour l’organisation de la ligne de communication, particulièrement par le lieutenant-colonel Payot, alors chef d’État-Major chargé de la Direction de l’Arrière au G. Q. G. et qui, devenu directeur de l’Arrière en 1917, allait prendre la responsabilité de l’organisation d’ensemble de tous les transports et de tous les ravitaillements de cette nouvelle armée d’Italie[2]. — On ne saurait donc parler de surprise dans le problème des mouvements à réaliser par voie ferrée ; mais ce qui était inattendu, c’était précisément le caractère de rapidité de la réalisation.

Or, il n’y a que deux voies ferries, celle de Modane-Bardonnèche-Bussoleno, et celle de Menton-Vintimille-Savone, qui permettent d’établir deux courants de transports entre la France et l’Italie. Il était donc, — premier point, — mathématiquement impossible de dépasser une certaine densité de transports : il y avait un maximum de tonnage et de vitesse. Et c’est pourquoi, auprès de la voie ferrée, tout autre moyen devait être bon. De plus, — second point, — la densité même de ces courants était encore réduite de ce fait qu’il était absolument nécessaire de réserver un certain nombre de trains au trafic normal : ceux qui portaient le charbon pour les chemins de fer italiens.

Ce que firent les chemins de fer, dans cette circonstance, est hors du cadre de la présente étude. Nous devons dire seulement ici que, dès le 29 octobre, au soir, 12 000 wagons, rassemblés en 24 heures, commençaient à embarquer les divisions françaises en arrière du front de Champagne, et leurs rames se

  1. C’était le général Foch qui était désigné pour prendre, éventuellement, le commandement d’une armée française en Italie. On avait discuté déjà le choix de la base, Milan ou Turin, dont l’installation serait nécessaire à l’entrée en action de cette armée.
  2. Rattachée administrativement au G. Q. G. français.