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AUGUSTIN THIERRY
D'APRÈS SA CORRESPONDANCE ET SES PAPIERS DE FAMILLE

I
LA JEUNESSE

Le 10 mai 1795 (22 floréal an III), à la nuit tombante, deux personnes, portant un nouveau-né, sortaient d’une modeste maison de la rue des Rouillis[1], à Blois, et se dirigeaient rapidement vers un logis situé près de l’ancienne place Notre-Dame. Là, se tenait caché un vieux prêtre non assermenté, l’abbé Villain, à qui elles présentèrent l’enfant. Celui-ci fut baptisé sous les prénoms de Jacques, Nicolas, Augustin, qu’il avait reçus quelques heures auparavant à la municipalité : cet enfant était Augustin Thierry.

Son père, M. Jacques Thierry, qui, dans un intérêt à ses yeux sacré, venait de braver ainsi les rigoureuses lois de Prairial, descendait d’une famille alsacienne, autrefois émigrée au pays d’Orléans. D’incertaines et flatteuses traditions la rattachaient à un certain Jean Thierry, écuyer, capitaine de la ville de Blois, vers 1350 ; à son arrière-petit-fils, Pierre Thierry, garde du corps du Roi, anobli pour services le 12 décembre 1482. Généalogie assurément problématique, mais qui attestait l’ancienneté du lignage, certifié d’autre part par un Livre d’Heures, pieusement

  1. Actuellement, 7, rue Guerry. La Société amicale des anciens élèves du Collège, avec l’aide de la municipalité, a fait poser sur la muraille une plaque commémorative.