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Enfin, entre temps, il m’interrogeait sur la marine française, l’organisation de notre inscription maritime et le mode d’entraînement de nos états-majors et de nos équipages, surtout pour le tir du canon.

A notre retour à Tien-Tsin, après les intéressants exercices où avaient figuré ses nouvelles canonnières, — encore montées et dirigées par les équipages et les officiers qui les avaient amenées d’Angleterre, — le vice-roi nous fit ses adieux pour se rendre dans sa résidence de Pao-Ting-Fou, où il allait se reposer.

Quelques jours après, je partais moi-même sur le Lynx, allant rejoindre l’amiral Duperré et prendre part, avec les autres navires de sa division navale, aux manœuvres d’ensemble annuelles et à la tournée réglementaire du littoral et des rivières navigables aux grands navires.


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Ayant reçu mission, dans cette tournée, d’étudier en détail le mode de défense des côtes de Chine, j’avais signalé dans mes rapports un défaut capital, commun à la plupart des batteries casematées qui battaient les embouchures des rivières avec leurs canons de gros calibre « Amstrong, » en tunnels : celui d’être ouvertes, ou insuffisamment fermées, à la gorge, et dans l’impossibilité de diriger leurs feux vers l’intérieur de ces rivières.

Je faisais remarquer, à ce sujet, qu’une force navale d’un pays engagé dans un grave conflit avec la Chine et qui aurait pénétré librement dans l’une de ces rivières, avant la rupture diplomatique, pourrait s’y donner l’avantage de commencer les hostilités, à l’instant propice à son attaque brusquée, en le dirigeant, par exemple, sur un établissement militaire qu’elle aurait grand intérêt à détruire avant tout. J’ajoutais qu’après cette opération de la première heure, la force navale assaillante aurait encore la possibilité de sortir de cette rivière sans exposer ses navires à être désemparés, ou coulés bas, en traversant finalement le champ de tir de ce genre de batteries extérieures. Il lui suffirait, pour cela, de jeter dans chacune d’elles, avant de la franchir, en descendant la rivière, quelques troupes de débarquement. Ces troupes seraient chargées d’en désemparer rapidement les canons, après en avoir chassé et dispersé dans la plaine les servants et leurs défenseurs, en