Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du roi Charles. Quoique le Gouvernement hongrois parût sincère, il n’était pas, en effet, de toute certitude qu’il ne finirait pas par faiblir devant la volonté royale. D’autre part, il convenait de ne pas adresser de menaces intempestives ; il fallait prendre garde, également, de fournir aucun motif de surexcitation aux passions légitimistes que le retour du Roi avait pu ranimer. Aussi, les ministres des trois Puissances décident qu’un seul d’entre eux, leur doyen, M. Hohler, se rendra au palais, et fera une déclaration pour lui et ses collègues.

Peu après, le ministre de France, M. Fouché, est mandé au Palais royal. L’amiral Horthy le prie de l’aider à éclairer définitivement le roi Charles. M. Fouché écrit, sur le champ, une lettre au ministre des Affaires étrangères de Hongrie. Dans les termes les plus formels, il répète la volonté du Gouvernement français de s’associer à la décision de l’Entente.

Deux heures ne se sont pas écoulées que cette lettre est emportée à Szombathely par les comtes Andrassy et Bethlen. Ils la font lire au Roi. Avec un entêtement puéril, l’ex-souverain se refuse à rien entendre. Tantôt il maintient ses projets, tantôt il se déclare malade, dans l’impossibilité de voyager.

Pendant ces longues journées d’une attente énervante, le Gouvernement de Budapest doit agir pour empêcher l’opinion de s’émouvoir, maintenir la discipline dans l’armée, prouver l’inanité des bruits fantaisistes qui ne cessent de se répandre en ville. Les imaginations commencent à aller leur train. D’après les uns, le Roi va marcher sur Budapest, à la tête de la division du général Lehar dont la fidélité au Gouvernement ne s’est cependant pas démentie. Les autres disent que Charles IV est revenu incognito à Budapest et qu’un coup d’Etat va éclater le lendemain. Certains, encore, affirment que les Serbes sont sur le point de franchir la frontière.

Toutefois, il faut convenir que la population de Budapest continue à se montrer fort calme. Effroyablement éprouvée par le bolchévisme, elle n’aspire qu’au repos et redoute toute tentative qui risquerait de précipiter sur elle de nouveaux malheurs.

Enfin, l’équipée du Roi à Szombathely touche à son terme. Le Gouvernement envoie de Bude un médecin pour guérir une maladie, qui semble « de circonstance » plutôt que réelle. Les négociations avec l’Autriche pour assurer le passage de Charles jusqu’en Suisse sont en bonne voie. Le souverain signe la