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culture de cette partie de la province de Québec, qui en a pas mal besoin.

« Je doute que vous trouviez Péribonka sur les cartes. Vous n’y trouverez peut-être même pas le lac Saint-Jean, qui a pourtant soixante ou quatre-vingts kilomètres de tour. La rivière Péribonka, que j’ai sous les yeux toute la journée, est bien une fois et demie large comme la Seine. Inutile de dire que je profite de mes rares loisirs pour m’y tremper pas mal…

« Si tu m’envoies de temps en temps des journaux, je t’en serai reconnaissant ; mais pas trop souvent, car je suis à une dizaine de kilomètres du bureau de poste, lequel est lui-même à une journée de voiture du chemin de fer, et les lettres et journaux ne m’arriveront guère que par paquets.. »


Péribonka, 8 août 1912.

« Je continue à me livrer aux travaux agricoles, (en ce moment on fait les foins), avec un zèle convenable. L’air du pays et la diète locale (soupe aux pois, crêpes au lard, etc.) me vont à merveille. Mon « patron » et sa femme me traitent avec une considération extrême. (C’est la patronne qui me coupe les cheveux). Bref, je n’ai à me plaindre de rien ; je commence même à me lever à l’heure habituelle (quatre heures et demie environ), sans effort et comme une personne naturelle…

« Depuis une quinzaine, le temps, qui était auparavant très chaud, a tourné à la pluie, et l’on commence ici à parler de l’automne ; pourtant je ne compte guère partir avant la fin de septembre. »


Péribonka, 25 août 1912.

« Je continue à couler des jours paisibles ici. La température est assez mauvaise pour août ; il a gelé plusieurs fois la nuit, et l’on commence à parler de l’automne comme si on y était. Le mauvais temps a eu au moins l’avantage de réduire un peu les moustiques, maringouins, mouches noires, etc. qui nous mangeaient vivants pendant la chaleur ; ils sont la grande plaie du pays. Il y a, à défaut d’autres fruits, abondance de « bleuets » (luces) ; les bois en sont pleins, et les bois ne manquent pas : il n’y a même que de cela. L’on ramasse donc les bleuets à pleins seaux, et l’on en fait des tartes, confitures… etc. Les canards sauvages commencent aussi à arriver ; j’ai l’espoir