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relation qu’ils lui firent de leur voyage, que, depuis Rome jusqu’à Londres, son nom était en vénération parmi les peuples chez lesquels ils avaient passé ; il jouit secrètement d’avoir laissé d’assez fortes impressions pour mériter l’affection et les regrets de ces mêmes peuples, quoique ceux-ci eussent eu beaucoup à souffrir dans les temps malheureux de 1813 et 1814. La domination de la France leur était toujours chère, et ils faisaient des vœux pour que celui dont ils conservaient si vivement le souvenir fût rendu à la liberté. Le Saint-Père, lui aussi, oubliant ses malheurs passés, se montrait sensible au dur traitement qu’on faisait éprouver à l’un de ses fils. Tels étaient les sentiments des populations, depuis les rives du Tibre jusqu’à celles du Rhin. Et vous, Français ! quels étaient les vôtres ?… Les voyageurs n’avaient pas mis le pied sur le sol de la France.

L’abbé Buonavita était un homme d’une soixantaine d’années, déjà très en deux, et on ne sait comment il avait pu se résoudre à entreprendre un si long voyage, et comment et pourquoi la famille impériale avait jeté les yeux sur un homme aussi peu robuste ; mais, soit attachement réel à la personne de l’Empereur, soit tout autre motif, l’abbé s’était déterminé à se mettre en route.

L’abbé Vignaly pouvait avoir une trentaine d’années. IL avait étudié quelque temps en médecine. C’était un petit homme brun et trapu. On avait jugé convenable de l’envoyer pour remplacer au besoin l’abbé Buonavita qui pouvait manquer, et seconder le médecin, s’il était nécessaire.

M. Antommarchi était le médecin ; il avait trente à trente-deux ans. Il avait exercé sa profession à Florence et était élève d’un fameux anatomiste nommé Mascagni, qui l’avait soi-disant désigné pour son continuateur.

Le nommé Coursot avait été valet de chambre du grand-maréchal Duroc ; il était auprès du duc et lui donna des soins lorsque celui-ci fut blessé mortellement en 1813. En 1815, il était entré au service de Madame-Mère et l’avait suivie à Rome. — Chandellier, employé à la bouche de l’Empereur en 1813, avait, depuis, passé au service de la princesse Pauline.