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baignoire ; n’ayant trouvé personne de bonne volonté, j’ai fait moi-même la besogne… Sire, voilà M. de Montholon. — Ah ! bonjour, Montholon. » M. de Montholon s’inclinant respectueusement : « Comment se porte Votre Majesté ? — Assez bien. Est-ce qu’on vous a dérangé ? — Non, Sire ; j’étais hors du lit quand on est venu chez moi. — Votre Excellence a-t-elle quelque chose à m’apprendre ? On dit qu’il y a un bâtiment en vue. — Je ne sais pas, Sire ; je n’ai encore vu personne. — Prenez ma lunette ; allez voir si on l’aperçoit. » M. de Montholon revenait quelques instants après et rendait compte à l’Empereur de ce qu’il avait vu. Enfin la conversation s’engageait entre eux. L’Empereur allait cà et là on se promenant et revenait de temps à autre voir ses travailleurs. C’est ainsi qu’il attendait l’heure de son déjeuner. Lorsqu’il sentait la faim, il demandait l’heure, et si on lui répondait qu’il était près de dix heures, il ordonnait qu’on le servit. C’était assez ordinairement dans sa chambre qu’on le servait. Alors l’Empereur laissait ses travailleurs et allait se mettre à table. Ceux qui devaient le servir quittaient leurs outils, allaient se laver la figure et les mains et se rendaient auprès de lui.

Le déjeuner fini, l’Empereur retournait vers ses travailleurs, avec lesquels il restait jusqu’à midi ou seulement jusqu’à onze heures, si le soleil était par trop ardent, et, en les quittant, il leur disait : « Allez déjeuner. C’est assez pour aujourd’hui : il fait trop chaud. » L’Empereur rentré chez lui, où il était suivi de l’un de ses valets de chambre, se débarrassait de sa robe de chambre ou de sa veste, de son pantalon et se mettait dans son lit. S’il restait habillé, il se mettait sur son canapé ou à son bureau. Si, s’étant couché, il ne se sentait point l’envie de dormir, il faisait appeler Marchand, pour que celui-ci lui fit la lecture ; mais il recommandait de lui dire de ne venir qu’après le déjeuner et qu’après avoir fait sa toilette. Dans le cas contraire, il faisait fermer les volets, tirer les rideaux, et dormait quelques heures. Enfin il lui arrivait assez souvent de prendre un bain quelques heures après son repas. Pendant les travaux de jardins, il avait presque toujours un bain de préparé. Le restant de la journée, il le passait comme je l’ai dit ailleurs.

Il y avait déjà plusieurs mois que duraient les travaux de jardins ; longtemps on avait mis une grande activité ; mais peu à peu cette activité s’affaiblit. L’Empereur, lui aussi, se ralentit.