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aussitôt, et aussitôt mis à l’œuvre. Après quelques jours, le bassin fut en état de retenir l’eau ; on y jeta de nouveau les poissons qui s’y jouèrent plus à l’aise que dans le tonneau où ils avaient été renfermés. Malgré tous les soins que l’on eut et les précautions que l’on prît pour conserver ces poissons, quatre ou cinq mois après, il n’en resta pas un seul en vie.

Les travaux du nouveau jardin allaient leur train. En avant et autour du bassin, il y avait une allée circulaire qui était garnie de bancs de gazon. Le mur et le bassin étaient séparés par une allée de quatre pieds de large ; cette allée faisait le tour du jardin en longeant les barrières et le berceau. Toute la partie qui environnait le bassin fut plantée de pêchers, d’acacias, de saules et autres arbres, parmi lesquels des arbustes, des plantes odoriférantes et beaucoup de fraisiers. D’une extrémité à l’autre du mur de gazon, en ligne diamétrale, on fît, tout le long, un talus en forme de banc de gazon, qui servit à soutenir les terres contenues dans le demi-cercle. Une allée de quatre pieds qui le bordait était coupée par un petit canal de deux pieds de large, sur lequel fut construit un petit- pont également de deux pieds. Ce canal était alimenté d’eau par une rigole par laquelle s’écoulait le trop-plein du bassin.

Dès que les petits travaux hydrauliques furent terminés, chaque jour, vers le moment du coucher du soleil, l’Empereur, qui alors était dans ses jardins, disait à un de ses valets de chambre : « Allons ! fais jouer les eaux. » On allait tourner le robinet principal, ainsi que les secondaires, et au même instant les eaux coulaient des bassins dans les rigoles. Pour jouir de ce spectacle, qu’on pourrait dire enfantin, l’Empereur se plaçait entre le bassin de la barrière et la grotte, et regardait l’eau descendre et arriver jusqu’à lui. Ce bruit, ce mouvement l’amusaient quelques instants. Il riait de s’amuser de si peu de chose. Le jeu cessait quand il n’y avait plus d’eau dans le réservoir.

Quand le grand jardin fut terminé, l’Empereur voulut en avoir un second du côté opposé, c’est-à-dire à l’Ouest, à côté du parterre ou jardin de Marchand, comme l’autre à côté du bosquet. En dehors des barrières Ouest et Nord, on réserva une plates bande de quatre pieds et on fit un petit mur de gazon semblable à ceux dont j’ai parlé précédemment. Dans la plate-bande circulaire, jusqu’à l’extrémité Ouest du mur de gazon, on planta des