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FRANÇOIS BULOZ ET SES AMIS
AU TEMPS DU SECOND EMPIRE

IV[1]
HENRI BLAZE DE BURY ET LA BARONNE ROSE

De taille élevée et sec ; dans un mince visage, un nez aquilin, des yeux un peu saillants, mais vifs, un menton terminé par une barbiche grise qui s’agite et ponctue le discours ; des mains longues, aux ongles démesurés de vieil érudit chinois : tel est Henri Blaze de Bury dans sa vieillesse. — Mme François Buloz prétend que son frère est la vivante image du cardinal de Richelieu, telle que l’a peinte Philippe de Champaigne et, de fait, voici, dans le Louvre, en somptueuse robe écarlate, le rochet de dentelle barré par l’azur du Saint-Esprit, Blaze de Bury en personne : même coupe de visage, même sourire, le regard seul diffère : celui de Blaze de Bury est plus sautillant, plus malicieux que celui de l’Eminence. Avec sa barbe pointue, Henri Blaze ressemble encore au Méphisto qui accompagne le jeune Faust chez Gretchen, et susurre derrière l’épaule de dame Marthe.

Ce Méphisto que voici, causeur intarissable, dans ses bons jours, aimait à rappeler le passé, et à évoquer avec sa sœur, Mme François Buloz, les amis disparus, dont les noms seuls frappaient de respect. Il disait, par exemple, le plus simplement du

  1. Voyez la Revue des 1er février, 1er mars, 15 avril.