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immeubles, au renouvellement de son outillage, de ses voies et terre-pleins, de ses lignes ferrées, et généralement de tout son matériel technique qui doit en outre supporter des amortissements annuels. En admettant que l’on conservât seulement dans un arsenal l’effectif ouvrier indispensable pour assurer son entretien, il faudrait encore y consacrer des sommes très importantes. En outre, tout un personnel militaire gravite autour des préfectures maritimes : état-major, fourriers, directions de l’intendance, personnels de garde, directions des services de santé, etc…

Pour nous rendre compte de l’énormité des dépenses entraînées par le maintien de nos six arsenaux, consultons le budget actuel. Sur un total de 1 230 millions[1], la marine consacre 60 millions à ses frais généraux d’administration centrale, et 600 millions à ses dépenses industrielles. Les dépenses militaires totales n’atteignent que 572 millions. Sur les 600 millions de dépenses industrielles, il y a 450 millions de dépenses relatives au service des constructions navales. Dans ce budget militaire, les salaires ouvriers atteignent 175 millions, et les dépenses nécessitées par les personnels subalternes techniques et administratifs des arsenaux (36 millions) dépassent de 20 pour 100 la valeur de celles nécessitées par le corps des officiers de marine et des officiers des équipages réunis (30 millions). Le corps des officiers de marine et des équipages entre lui-même pour 50 pour 100 environ de son total, dans les dépenses des arsenaux, puisque c’est la proportion des officiers de marine servant à terre. Quant aux marins, nous nous sommes laissé dire que, sur 55 000 hommes présents sur les contrôles, 25 000 seulement naviguent à la mer.

Il ne faudrait point accuser les dirigeants actuels du département de la Marine d’un état de choses qui remonte à des causes déjà très lointaines, à l’affaiblissement du commandement et a l’exagération des forces corporatives qui en a été la conséquence.

Jusqu’à ces dernières années, l’autorité était dévolue dans la marine au commandement. Celui-ci tranchait toutes les ques-

  1. Avant les dernières réductions apportées au projet de budget par le Parlement.