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500 personnes, s’y ouvrit en 1911. C’était peu pour les 12 000 habitants de cette localité ; c’était beaucoup pour ceux qui éprouvaient le besoin d’un culte : les 8 ou 10 personnes qui allaient précédemment entendre la messe à deux kilomètres et qui constituèrent, dans l’église nouvelle, la maigre assistance des premiers dimanches. La vue de la soutane, au début, faisait littéralement peur aux enfants. Ils assourdissaient de leurs cris hostiles l’audacieux qui la portait.

Quelques-uns pourtant s’approchèrent et constatèrent que « le curé n’était pas méchant. » Le bruit courut ensuite qu’il donnait des « petits bons Dieux » en images. Les enfants vinrent plus nombreux ; en quatre mois, ils étaient deux cent trente-six inscrits au patronage. Ce n’était que la dixième partie de la population scolaire, mais le curé recrutait aussi des néophytes adultes : une jeune fille lui amène un grand garçonnet pour qu’il le baptise. « Mais vous, mademoiselle, interroge le curé qui connaît les habitudes de la localité, êtes-vous baptisée ? — Non, monsieur le curé, mais à mon âge, puis-je encore ? Je ne demande pas mieux. » Elle s’en fut avec un catéchisme.

Pour apprendre aux hommes le chemin de son église, l’ingénieux ecclésiastique leur offrit, le dimanche soir, dans cet humble édifice, des projections lumineuses qu’il commentait devant un public attentif et silencieux. Un soir, c’était la vie de Jeanne d’Arc qui se déroulait ; une autre fois, les premières scènes de l’histoire sainte d’après les gravures de Gustave Doré, et tels ont commencé par aller à ce qu’ils appelaient « la messe du cinéma » qui, plus tard, sont venus aux pratiques chrétiennes.

De fait, sur les cent trente assistants de la messe dominicale, il y avait cent vingt-trois femmes. Les hommes ne dépassaient pas encore le chiffre de sept, en 1912. Or il y a un an, — le 15 février 1920, — lors d’une visite solennelle de Mgr Roland-Gosselin, non seulement les hommes du Petit-Ivry se pressaient en grand nombre à l’appel de leur pasteur pour recevoir l’auxiliaire du cardinal dans l’église Notre-Dame de l’Espérance, mais les conseillers municipaux du quartier étaient à leur tête et l’évêque les félicitait du bel exemple qu’ils donnaient d’union sacrée.

Victimes de la mitraille sous laquelle cette union s’est