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le français. Plusieurs d’entre eux suivent les cours de l’Université libre égyptienne.

L’École des cadis prépare d’une façon très pratique les cheikhs qui se destinent aux fonctions de juges musulmans en leur apprenant ce qu’il ne leur est plus possible d’ignorer. L’empressement, le zèle et la docilité avec lesquels ces jeunes gens ont toujours, dès le début, suivi cet enseignement sont aussi remarquables que les résultats rapides et brillants qu’ils obtiennent.

Le jour où, les universités musulmanes ayant été réformées et modernisées, les ulema, devenus des hommes de leur temps, posséderont les langues européennes, ne seront plus étrangers aux sciences exactes, étudieront l’histoire, la philologie, le droit comparé en observant les méthodes critiques, ce jour-là, qui n’est peut-être pas très éloigné de nous, la culture islamique sera enfin en voie de rénovation.

C’est également en instruisant nos sujets musulmans que nous les rapprocherons de nous et en ferons des citoyens. Sans parler de nos possessions de l’Afrique occidentale, il est déplorable que le nombre des enfants algériens et tunisiens auxquels le français est enseigné soit dérisoire et que celui des écoles qui leur sont ouvertes reste infime. Nul ne se préoccupe d’encourager les soldats indigènes à utiliser leur temps de service militaire pour apprendre notre langue. En même temps qu’elle, ces enfants et ces jeunes gens acquerraient les notions fondamentales de notre civilisation ; et ces nouvelles idées chasseraient les vieilles erreurs et les préjugés qui obscurcissent leurs esprits et immobilisent leurs volontés. Munis de cette clef, ils pourraient franchir l’étroite enceinte des croyances plus ou moins déformées, des dogmes et des préceptes souvent mal compris qui forment tout leur horizon intellectuel, nous rejoindre et marcher à nos côtés du même pas que nous. La seule raison qu’on ait donnée pour tenter de justifier la scandaleuse parcimonie des crédits alloués aux écoles indigènes est qu’elles ne répondraient à aucun besoin. Cette allégation, d’ailleurs invérifiable là où ces écoles n’existent pas, c’est-à-dire presque partout, est inexacte. Fût-elle vraie que nous n’en aurions pas moins pour devoir de mettre l’instruction à la portée de ces populations dont nous avons la garde, et qui payent très largement leur part d’impôt, en la leur présentant