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hôtels, et se prolonge vers le Sonnenberg, où la ruine carrée du château émerge des sapins.

Wiesbaden, parure de l’Allemagne, a été, comme nous l’avons dit, boycottée par les Allemands. Comme toujours, la campagne anti-française s’est accompagnée d’une campagne de calomnies. On n’a pas dit aux Allemands : « N’allez pas à Wiesbaden parce que les Français y sont, » — ce qui eût été peut-être une raison insuffisante ; on leur a dit : « N’allez pas à Wiesbaden parce que les troupes noires y répandent la terreur. » En vain les hôteliers ont protesté, invité des témoins. La campagne a eu son effet. Les baigneurs allemands ont choisi Baden-Baden. La saison de 1920 a donc été mauvaise ; c’est ce que souhaitaient les instigateurs de la campagne, assurés que le mécontentement public accuserait les Français. Seulement, cette tactique ne pouvait pas réussir deux fois. En 1921, j’ai trouvé les hôtels remplis et la ville aussi brillante que jamais. Sans doute, il y a peu d’Allemands, mais les étrangers sont accourus : beaucoup de Scandinaves, et des Français. Le calcul des pangermanistes se trouve encore une fois bien court. Que les vieux généraux un peu perclus, hôtes accoutumés de Wiesbaden, se soient retirés et qu’ils aillent en Bavière grignoter leur retraite aux côtés du Ludendorff, rien de plus naturel. Mais qu’auront gagné les pangermanistes, si leur manœuvre, pour soustraire la Rhénanie à l’influence française, aboutit à ceci, que les touristes français occupent la place laissée vide par le départ des touristes allemands ?

En fait, l’endroit est délicieux pour un voyage d’été, et c’est pour l’orner encore qu’a été faite l’exposition où il faut maintenant nous rendre, et où les automobiles nous conduisent au sortir de la gare.

Elle a été organisée à Biebrich, qui est une ville au bord du Rhin, à quelques kilomètres de Wiesbaden. Là, sur la rive, s’élève un château, belle et vaste construction du XVIIIe siècle, qui par les Nassau est venue à la grande-duchesse régnante de Luxembourg. Cette princesse l’a mis à la disposition du Gouvernement français. Un parc profond ouvre ses perspectives à l’opposé du fleuve.

Les invités sont assemblés dans un vestibule rond que domine un vaste groupe de la Vierge et de l’Enfant, où M. Bourdelle a archaïsé avec un éclectisme enragé. La vierge est hanchée comme