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nommé Cypriani, qui est mort à Sainte-Hélène. Il jouissait de la confiance de l’Empereur et de toutes les personnes de la famille impériale. Souvent, il avait été chargé de missions importantes.

Dans ses promenades, soit à cheval, soit en voiture, l’Empereur était accompagné d’une escorte composée de quatre ou cinq hommes, Polonais ou mamelucks, sous les ordres de M. Roul, d’un chasseur, Noverraz ou moi, et d’Amaudru, son piqueur. C’était le matin, à la fraîche, jusqu’à neuf ou dix heures, qu’avait lieu la promenade. Sur les trois ou quatre heures après midi, lorsque le soleil commençait à perdre de sa force, l’Empereur, soit à pied, soit en voiture, allait prendre son canot et parcourait le vaste bassin de la rade, s’arrêtant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, pour visiter quelques personnes qui demeuraient près du rivage. Souvent la voiture avait ordre d’aller l’attendre à tel ou tel endroit. Le canot était monté par les marins de la Garde. Un nommé Gentillini, qui avait été canotier de la princesse Elisa, tenait le gouvernail.

La princesse Pauline faisait ses promenades en chaise à porteurs. Elle était accompagnée de ses dames de compagnie et de un ou deux jeunes officiers. Quant à Madame, je ne me rappelle pas qu’elle sortit beaucoup, si ce n’est pour venir voir l’Empereur.

Madame-Mère, dans son jeune âge, devait être une beauté de premier ordre. Sa figure était bien coupée : les traits d’une très grande régularité ; la bouche ni trop grande, ni trop petite ; les lèvres minces ; le nez presque droit ; les yeux bruns, bien fendus, brillants et fort expressifs ; dans son regard, il y avait quelque peu de hauteur et de sévérité. Mais la beauté de tous ses traits perdait une partie de leur effet par l’épaisse couche de fard qu’elle avait sur les joues ; ce qui ne s’harmonisait pas avec son âge, le-quel eût demandé plus de naturel dans la teinte de la peau. Trop de rouge ne va pas avec les rides.

Les jours ordinaires de la semaine, sa mise était simple, quoique riche ; elle portait ordinairement un petit bonnet orné de fleurs. Le dimanche et les fêtes, lorsqu’elle était en tenue pour venir chez l’Empereur, elle avait une toque avec des plumes ; alors elle se paraît de fort beaux diamants.

Je n’ai rien connu de son intérieur ; je sais qu’elle était