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notre sang. Il est bien probable que ce déséquilibre doit être physique, et non chimique, puisque le froid, sans intervention d’aucune substance étrangère, suffit à le produire.

Ceci nous ouvre d’ailleurs des horizons singuliers sur la cause d’un grand nombre d’états pathologiques... à commencer par le vulgaire coryza... causés par le froid, ou qu’on lui attribue.

Quant à expliquer avec précision et dans le détail le mécanisme de ce déséquilibre humoral que traduit la crise hémoclasique, je ne m’y essaierai pas ici. D’abord, en effet, cette explication comporte encore une certaine part d’hypothèse ; ensuite, les faits seuls nous importent et ils sont d’un intérêt assez puissant pour ne point chercher au delà ; et enfin cette explication présuppose des notions sur r « hémolyse, » la « sensibilisatrice, w le a complément, » l’ « anti-hémolysine » et quelques autres choses dont je ne puis décemment tenter de dévoiler ici l’ésotérisme.

En tout état de cause, les phénomènes observés dans la crise hémoclasique sont l’indice d’une perturbation soudaine dans l’état d’équilibre de nos humeurs. Il n’est pas douteux d’ailleurs, comme le remarque M. Widal, que cette perturbation ne doit pas être limitée aux colloïdes du sang, mais qu’elle doit exister dans tous les plasmas de notre corps et jusque dans les plasmas colloïdaux qui constituent les éléments cellulaires de nos tissus. Et c’est ainsi que le maître est amené à ne considérer le choc hémoclasique que comme une manifestation d’une crise plus générale de tous les colloïdes qui entrent dans la constitution de notre corps. L’hémoclasie n’est plus qu’un signe, un témoin, d’un phénomène plus général encore : la colloïdoclasie.

Lorsqu’on envisage dans leur ensemble tous les phénomènes sur lesquels nous venons de jeter un trop bref coup d’œil, on est frappé par le fait que les phénomènes morbides, les malaises que manifeste le choc hémoclasique paraissent commandés pour chaque individu par une réaction spéciale de son organisme. Par exemple, un même phénomène, l’asthme, peut être provoqué, selon l’individu, tantôt parle suint de mouton, tantôt par les particules odorantes émanées du cheval, tantôt parle pollen des plantes, etc.. Il en est de même de l’urticaire alimentaire. C’est, nous l’avons dit, un des caractères qui opposent les phénomènes de choc aux intoxications.

Il y a plus : le bouleversement de nos colloïdes organiques qui constitue le choc, — et que désigne l’altération sanguine de la crise hémoclasique, — se traduit selon les individus, et bien que la cause puisse être identique, par une répercussion morbide variable. Il