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REVUE SCIENTIFIQUE

NOUVEAUX HORIZONS EN MÉDECINE

Au milieu du désarroi moral et des difficultés matérielles qui surnagent, en la voilant presque, au-dessus de la Victoire, comme fait une écume trouble à la surface d’un vin généreux dont la fermentation est inachevée, une chose peut et doit consoler tous les idéalistes de la planète, tous ceux pour qui le mot « France » reste comme un drapeau. C’est que la science française, elle, n’a commis aucune abdication : c’est qu’elle poursuit sans faiblir, dédaigneuse des difficultés matérielles accrues, sa marche vers le mieux. Les découvertes françaises continuent. Aucune manœuvre financière, aucune pression mercantile, aucune des lâchetés de l’ingratitude étrangère n’a pu mordre sur ces valeurs-là. Le génie découvreur, l’imagination créatrice, le don profond de l’invention ne se monnaient pas, et aucune faute des politiciens n’a de prise sur eux. C’est bien heureux, sans quoi même cette primauté-là nous serait volée.

A cet égard, rien n’est plus réconfortant que les découvertes que n’a cessé de produire depuis quelques années l’école médicale française.

Parmi beaucoup d’autres, sur lesquelles j’aurai l’occasion de revenir, je ne connais rien de plus pénétrant, de plus suggestif, de plus riche d’avenir et d’utilité que les travaux récents auxquels le professeur Fernand Widal et ses collaborateurs ont attaché leurs noms. Instaurés il y a peu d’années, ils touchent, ces travaux, un peu à tous les coins de la médecine. Leur idée directrice simple et originale a eu dès maintenant un tel retentissement dans les milieux médicaux du monde entier, — et jusque chez nos ennemis d’hier, — qu’il m’a paru utile d’en exposer l’essence aux lecteurs de la Revue. Il est des choses si réellement importantes, qu’un homme cultivé et soucieux de ce qui