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eux. Qu’une bourse entière soit donnée, dès le principe, à qui en a besoin. Que jamais l’impossibilité matérielle de payer les études ne soit un empêchement à l’étude. Il est douloureux qu’un élève de l’Ecole centrale ait récemment dû démissionner, faute des ressources nécessaires à sa subsistance. Que donc les bourses suivent l’élève devenu étudiant dans l’enseignement supérieur. Que des comités de patronage le protègent ensuite (cette précaution est venue à la pensée, au cœur de quelques-uns) contre les conséquences d’échecs toujours possibles. Que les parents, privés des bras de leurs fils, et de tout ce qu’ils apporteraient aux dépenses du foyer, soient, lorsqu’il est nécessaire, dédommagés. La municipalité du Havre vient de donner le généreux exemple de voter 100 000 fr. à cet effet. Que le mérite des enfants soit surtout considéré dans l’attribution des bourses, malgré les objections indiquées ailleurs. — Que surtout les bourses soient plus nombreuses. Nous avons dit la misère des crédits. Le boursier est une exception. L’élève de mérite de demain, parce qu’il aura beaucoup de pareils, se sentira plus en confiance dans nos lycées. Il ne sera plus le prolétaire égaré parmi les bourgeois. Les classes sociales se fondront mieux dans les lycées, quand les proportions du mélange seront devenues autres. M. Zoretti cite telle école technique, fréquentée par des fils de riches industriels qui y coudoient des fils d’ouvriers, comme exemple de ce mélange parfait. Que, d’impossible qu’il était autrefois, de difficile qu’il est encore, l’échange d’une bourse d’enseignement primaire supérieur contre une bourse d’enseignement secondaire devienne chose courante. Que, par suite, l’enseignement primaire ne s’obstine pas à garder pour lui ses élèves, cette séquestration d’un nouveau genre, qui a des excuses aujourd’hui, risquant, au double préjudice des individus et du pays, de limiter des avenirs intellectuels. Que, au contraire, le courant, qui doit amener vers les sommets du savoir les mieux doués, s’établisse avec le minimum de stations et d’arrêts.

Ce sont menues réformes, sauf en ce qui concerne la dépense. Mais de petites réformes valent souvent mieux que les grandes. Seulement, c’est en réclamant celles-ci qu’on obtient celles-là. Nous n’avons point d’ailleurs clos la liste de ces petites réformes. Et nous acceptons à l’avance toutes celles qui, s’inspirant des méthodes de la liberté, ne constitueront pas un empiétement