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service auprès de Sa Majesté à l’arrivée à Fontainebleau, le matin du 20 mars, et pendant tout le voyage de Fontainebleau à Paris.

En juin, il fut constamment avec l’Empereur, pendant la courte campagne de Belgique, à la bataille de Ligny, et à celle de Waterloo. Il était parti de l’Elysée avec Sa Majesté, et avec Elle il revint à ce palais.

Il accompagna l’Empereur de la Malmaison à Rochefort.

A l’île d’Aix, Sa Majesté le choisit pour aller en Amérique lorsqu’Elle devait s’embarquer sur un chasse-marée.

Le 5 mai 1821, il était à Longwood.

C’était lui qui mettait au net toutes les dictées de l’Empereur. Tous les Mémoires sortis de Sainte-Hélène, moins quelques faibles parties, sont de sa main.

Son protecteur fut le duc de Vicence.


Encore, dans ce curriculum vitæ, Saint-Denis oublie-t-il, je ne sais pourquoi, le titre dont il a tiré tant de fierté, celui de bibliothécaire de l’Empereur.

A Sainte-Hélène, Saint-Denis s’était marié. Il avait épousé le 16 octobre 1819 Mary Hall [1], jeune Anglaise catholique, née à Birmingham le 5 décembre 1796, alors institutrice des enfants du Grand-Maréchal Bertrand. Il lui était né, le 31 juillet 1820, une fille, Clémence, qui eut pour parrain et marraine le général de Montholon et la comtesse Bertrand.

Après la mort de l’Empereur, la famille Saint-Denis quitta l’île. Elle s’embarqua sur le Camel, le 27 mai 1821, débarqua le 21 juillet à Portsmouth et parvint à Paris le 24 août.

Saint-Denis n’avait pas grande fortune et le legs que lui avait fait l’Empereur ne lui fut pas délivré tout de suite. Il installa provisoirement sa femme et sa fille à Versailles, chez la grand-mère Notte, et lui-même résida chez ses parents, 34, rue du Dragon. Il avait trouvé un emploi. « Je sors de la maison à cinq heures du matin, écrivait-il à sa femme le 28 mai 1822, et je n’y rentre guère qu’à huit heures du soir. C’est assez que j’aie une occupation pour que je sente plus vivement le désir de te voir auprès de moi. Cependant il faut un peu de raison de ta part et de la mienne... Cet état ne peut durer longtemps.

  1. Je ne sais pourquoi on l’appelle Betsy. Voici son extrait de baptême. « Mary, the daughter of John and Anna Hall, born december 5th 1796 and baptized the 1er of January 1797. Sponsors, James Harding and Mary Pendrill. » — Peut-être le nom de Betsy lui avait-il été donné dans la famille Bertrand, pour la distinguer de quelque Marie de la maison ?