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SAINT-DENIS dit ALI

Louis-Etienne Saint-Denis est né à Versailles le 22 septembre 1788. Son père, Etienne, de Saint-Germain-en-Laye, avait été piqueur aux écuries royales sous Louis XVI. Les connaisseurs dans le noble art de l’équitation ont parlé de lui avec une vive admiration : il était, paraît-il, un « modèle de belle position à cheval » et surtout il luttait avec énergie pour les traditions françaises contre l’école « anti-nationale » des écuyers anglomanes. Il avait épousé Marie-Louise Notte, fille d’un officier des cuisines royales. Une de ses arrière-petites-filles se souvient encore d’avoir entendu la tante Notte, — une sœur non mariée de Marie-Louise Notte, — raconter avec fierté que son « petit-papa » avait fabriqué une cage en nougat qui fut mise sur la table à l’une des fêtes de la Cour : un oiseau y était enfermé qui s’envola quand on la rompit, et, dans son désarroi, vint se percher sur la tête de Marie-Antoinette. La Révolution enleva sa place à Etienne Saint-Denis. Il s’établit à Paris où, pendant plus de cinquante ans (il est mort en 1843, à 89 ans) il fut professeur d’équitation [1] : à 76 ans, il dressait encore des chevaux, de préférence ceux que ses ennemis, les « écuyers soi-disant novateurs, » avaient manqués et rendus rétifs.

Après de bonnes études primaires, dont témoignent l’écriture et l’orthographe de tous ses papiers, Louis-Etienne Saint-Denis entra en 1802, comme petit clerc, à l’étude du notaire Colin, place Vendôme. Il y resta quatre années. Au bout de ce

  1. On a dit, d’après le docteur Fournies de la Siboutie, qu’Etienne Saint-Denis avait repris ses fonctions de piqueur aux écuries impériales : il n’y a trace de cela ni dans les papiers ni dans les traditions de la famille.