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pour lui au printemps 1695. Luxembourg était mort le 4 janvier, enlevé par une péripneumonie. Monseigneur supplia son père de mettre le prince de Conti à la tête de l’armée de Flandre ; mais Louis XIV choisit le maréchal de Villeroy. L’empressement du Dauphin parut au Roi fort impolitique. Louis XIV se souvenait toujours que le Grand Condé et l’avant-dernier prince de Conti, père du prince « d’aujourd’hui, » lui avaient fait la guerre durant la Fronde. Monseigneur oubliait-il donc ? Si le prince de Condé eût gagné la bataille du faubourg Saint-Antoine, le Roi « aurait partagé le Royaume avec lui. » Il était surpris que le Dauphin « osât lui demander un commandement de cette importance pour un prince de cette maison ; leurs intérêts et ceux de l’Etat ne permettaient pas de les rendre jamais plus puissants qu’ils n’étaient. »

Au lieu de commander l’armée de Flandre, Conti dut y servir sous le maréchal de Villeroy. Il pria, dit-on, Louis XIV de ne pas l’y envoyer. Il n’avait pas tort. C’est dans cette campagne que l’incapable Villeroy mérita les quolibets des Parisiens, l’épée de bois attachée à sa porte par un baudrier de paille, les navets et les pommes pourries dont son maître d’hôtel fut criblé à la halle. Villeroy ne sut pas profiter des imprudences de Guillaume. Le 14 juillet 1695, il laissa le prince de Vaudémont et l’arrière-garde du stathouder s’échapper du camp où il pouvait les écraser. Conti et les autres princes du sang eurent beau être « les premiers à tout, » la poursuite, commencée trop tard, fut vaine. On manqua l’occasion d’amener la levée du siège de Namur investie par Guillaume, et peut-être la fin de la guerre.

La marche de Villeroy à la rencontre de l’armée d’observation, postée sur les bords de la Mehaigne, ne réussit pas davantage. Nous n’en parlerions même pas, si le prince de Conti n’avait pas chargé avec la cavalerie qui culbuta un corps ennemi, le poursuivit jusqu’à ses retranchements, ramena quelques étendards. Commandant l’infanterie, le prince devait s’abstenir, mais il ne voulut pas se priver du plaisir de la charge. Ce petit trait n’est pas inutile pour compléter la physionomie d’un héros.

Le 2 septembre 1695, fut signée la capitulation de Namur. Trois semaines après ce triste événement, Conti revint à la cour.

Depuis sept ans, il a servi à chaque campagne. Volontaire