Le débat sur les langues a pris, dans les derniers temps » en Alsace et en Lorraine, une acuité exceptionnelle. De violentes polémiques de presse sont engagées, et, loin d’éclairer la discussion, elles ne font que la compliquer d’affirmations contradictoires et de considérations personnelles, d’où la passion n’est malheureusement pas toujours absente.
Théoriquement, tout le monde est ou se dit d’accord sur le but qu’il faut atteindre. La connaissance de la langue française est utile, voire nécessaire à tous les éléments de la population, dans les deux provinces reconquises, dont les intérêts matériels et moraux sont désormais soudés à ceux de la Mère-Patrie.
Que des Allemands, imprudemment naturalisés par le traité de Versailles et soutenus par quelques Alsaciens germanophiles honteux, s’inspirent dans leur lutte contre la diffusion de la langue française de préjugés antinationaux, cela ne saurait être mis en doute. Mais cette opposition sournoise et inavouée ne joue, dans la querelle des langues, qu’un rôle accessoire, précisément parce qu’elle est obligée de se dissimuler. Les temporisateurs indigènes, qui ne cessent d’affirmer leur sincère patriotisme, sont plus redoutables, parce que leurs arguments, souvent présentés de très bonne foi, sont plus spécieux.
C’est surtout dans les milieux intellectuels qu’ils se recrutent. Avocats, notaires, fonctionnaires, instituteurs, jeunes ecclésiastiques, tous ceux qui, n’ayant passé que par l’école allemande et y ayant acquis une facilité d’expression qu’ils ne