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exactement aux parties sombres de l’autre. La méthode avait été dès 1891 appliquée par M. Michelson, puis par M. Hamy (qui l’avait ingénieusement perfectionnée à l’Observatoire de Paris) à certains astres d’un diamètre apparent très faible, tels que les satellites de Jupiter.

Pour les disques stellaires, elle paraissait alors inapplicable, faute d’instruments astronomiques assez puissants, car les deux fentes employées doivent être d’autant plus écartées que le disque observé est plus petit. L’Observatoire de Mount Wilson aux États-Unis possède depuis peu un télescope dont le miroir a 2 mètres 50 d’ouverture, ce qui en fait une pièce unique au monde.

Tout récemment, M. Michelson a entrepris d’essayer la méthode interférentielle en l’appliquant à cet instrument colossal et unique pour la détermination des diamètres stellaires. On avait encore augmenté l’écartement des deux faisceaux lumineux provenant de l’étoile observée et pénétrant dans les deux fentes placées devant le télescope, grâce à l’artifice très simple que voici. Chacun sait que dans les jumelles de campagne à prisme, et afin notamment d’augmenter la sensation du relief, les deux objectifs sont beaucoup plus écartés que les oculaires, et que cela est possible grâce à un système de prismes qui réfléchissent et rapprochent ensuite les rayons lumineux reçus par les objectifs. Pareillement on a placé devant le télescope de Mount Wilson un système de miroirs fixés sur un tube perpendiculaire à la lunette et écartés d’une trentaine de mètres, de telle sorte que les deux faisceaux qui formaient des franges au foyer du télescope étaient aussi écartés que s’ils avaient été reçus aux extrémités diamétrales d’un objectif de 30 mètres d’ouverture.

Dans ces conditions, on a constaté que l’on obtenait l’extinction des deux systèmes de franges pour une certaine étoile, Alpha de la constellation d’Orion, qu’on appelle aussi Bételgeuse, ce qui a conduit à attribuer à cette étoile un diamètre apparent égal à 46 millièmes de secondes d’arc. Il n’est pas très grand, cet angle, puisque c’est l’angle sous lequel on verrait une bille de 1 centimètre à 47 kilomètres de distance. Et pourtant, c’est le plus grand des diamètres apparents que nous présentent les étoiles et le seul qui, par cela même, ait pu jusqu’ici être directement mesuré.

Chose remarquable, ce nombre coïncide à très peu près avec celui qui résulte d’une méthode de calcul indirecte indiquée par nous il y a dix ans à l’Académie des Sciences et qui déduit les diamètres