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Nous, Nicolas II, par la grâce de Dieu, Empereur et Autocrate de toutes les Russies, Roi de Pologne, Grand-Duc de Finlande, etc., etc., etc. Faisons savoir à tous Nos fidèles sujets que la trahison du peuple bulgare à la cause slave, préparée avec perfidie depuis le commencement même de la guerre, mais qui paraissait pourtant impossible, s’est accomplie...

La Bulgarie, notre coreligionnaire, affranchie de l’esclavage turc par le fraternel amour et le sang du peuple russe, s’est rangée ouvertement aux côtés des ennemis de la foi chrétienne, du slavisme et de la Russie.

Le peuple russe verra avec douleur la trahison de la Bulgarie, qui lui était restée si chère jusqu’à ces derniers jours, et c’est avec un cœur saignant qu’il tire son épée contre elle, en remettant à la juste punition de Dieu le sort des traîtres à la cause slave.

Donné au Grand-Quartier général, le 18 d’octobre en l’an de grâce 1915.

NICOLAS.



Lundi, 25 octobre.

Le désastre serbe s’accélère.

Une brusque irruption des Bulgares à Vrania, sur la haute Morawa, et à Uskub, sur le Vardar, a coupé la voie ferrée de Nisch à Salonique. Le gouvernement royal et le corps diplomatique ne peuvent plus désormais se réfugier à Monastir ; ils vont essayer d’atteindre Scutari et le littoral adriatique par Mitrovitza, Pritzrend et Diakovo, c’est-à-dire en traversant le chaos montagneux de l’Albanie, où la neige obstrue déjà tous les cols !

Chaque jour, Patchich adresse aux Alliés un appel désespéré... et vain.



Samedi, 9 novembre.

Le vent de réaction qui a renversé, il y a un mois, le Ministre de l’intérieur, prince Stcherbatow, et le Procureur suprême du Saint-Synode, Samarine, vient de faire une nouvelle victime : le ministre de l’agriculture, Krivochéïne, est relevé de ses fonctions sous un vague prétexte de santé.

A ses belles qualités d’administrateur, Krivochéïne ajoute, ce qui est peu commun en Russie, le tempérament d’un homme