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nous l’avons créée de notre sang ; elle nous doit son existence nationale et politique ; nous ne pouvons pas la traiter en ennemie.

— Mais c’est elle qui se fait votre ennemie... Et dans quel moment !

— N’importe ! Il faut négocier encore... Simultanément, nous devons faire appel à la masse du peuple bulgare et lui dénoncer l’abomination du crime qu’on veut lui faire commettre. Un manifeste que l’Empereur Nicolas lui adresserait au nom du slavisme, produirait sans doute un grand effet ; nous n’avons pas le droit de ne pas tenter cette dernière chance.

— Je m’en tiens à ce que je vous disais tout à l’heure. Il faut que les Serbes se lancent à marches forcées sur Sofia ; sinon, avant un mois, les Bulgares seront à Belgrade.



Lundi, 27 septembre.

L’Union des Zemstvo et l’Union des Villes, qui ont siégé ces derniers jours à Moscou, ont adopté en commun la motion suivante : Dans la tragique épreuve que traverse la Russie, nous estimons que notre premier devoir est d’envoyer un ardent salut à notre stoïque, glorieuse et chère armée. Plus que jamais, le peuple russe est inébranlablement résolu à mener la guerre jusqu’à la victoire, en complète union avec ses fidèles alliés. Mais, sur le chemin de la victoire, se dresse un fatal obstacle constitué par tous les vieux vices de notre régime, c’est-à-dire l’irresponsabilité du pouvoir, le défaut de tout lien entre le Gouvernement et le pays, etc. Un changement radical s’impose... A la place de nos gouvernants actuels, il nous faut des hommes investis de la confiance nationale. Le travail de la Douma doit être repris sans délai.

Les deux Unions ont nommé chacune trois délégués qui ont mission d’exposer oralement à l’Empereur les vœux du pays.

Le Président du Conseil, Gorémykine, a conseillé à Sa Majesté de ne pas recevoir ces délégués, qui n’ont, dit-il, aucun titre « pour faire entendre la voix de la terre russe. » L’Empereur a donc refusé l’audience.



Mardi, 28 septembre.

La discorde règne au sein du Gouvernement russe. Plusieurs ministres, effrayés des tendances réactionnaires qui prévalent