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LA MORT DE L’EMPEREUR

II [1]
L’AGONIE ET LA MORT


IV. — LE DOCTEUR ANTOMMARCHI

François Antommarchi était un petit Corse qui, après avoir suivi les leçons du professeur Mascagni à l’hôpital de Santa-Maria-Nuova, à Florence, était devenu l’un de ses prosecteurs. Il a dit lui-même, qu’en mars 1808, il avait été reçu, à dix-huit ans, docteur en philosophie et en médecine à l’Université de Pise, et qu’en 1812 il avait obtenu, de l’Université Impériale, le diplôme de docteur en chirurgie. « Le Grand Maître me nomma prosecteur d’anatomie, attaché à l’Académie de Pise. Je résidais comme tel à Florence. »

En admettant ces allégations comme authentiques, elles expliquaient peu pourquoi le cardinal Fesch et Madame Mère avaient choisi cet Antommarchi pour l’envoyer près de l’Empereur. Mais Antommarchi était Corse, et il était recommandé par un certain Colonna di Leca, intendant à Aquila du temps de Murat, et, depuis 1814, attaché à la personne de Madame Mère. ! Ce Colonna « lui proposa de passer à Sainte-Hélène ; » il se contentait d’un traitement réduit au moins d’un tiers : Foureau avait 45 000, O’Meara 12 000 : Antommarchi était fort content de 9 000 ; et puis il n’emmenait ni femme, ni domestique, ce qui était essentiel, vu la dépense. Quant à sa compétence, peu importait : l’Empereur, à son arrivée à Sainte-Hélène, ne serait plus là ; il aurait été enlevé par des anges et transporté par eux, dans une île, tout près de Rome, — au moins pas loin, — car

  1. Voyez la Revue du 1er mai.