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proclame le citoyen Bonaparte membre de l’Institut, pour la place ci-dessus désignée. »


Plusieurs journaux mentionnèrent l’élection de Bonaparte, sans entrer d’ailleurs dans aucun détail. Le journal de Poultier, l’Ami des Lois, dans son numéro du 10 nivôse, 30 décembre, ajouta cette pointe : « Le général Bonaparte a été nommé membre de l’Institut ; l’honneur est grand... pour l’Institut. »

L’honneur était grand pour l’élu lui-même, qui, à l’âge de moins de vingt-huit ans et demi, voyait son nom inscrit pour toujours sur ces listes qui représentaient l’élite intellectuelle de la France. Plus tard Chateaubriand dira : « Napoléon, comme un enfant, était charmé d’avoir été élu membre de l’Institut. » Sa joie ou plutôt sa fierté n’était point d’un enfant, mais d’un homme ayant pleine conscience de sa valeur et de l’honneur qu’il avait reçu ; elle allait se manifester par le titre même dont il ne manqua pas de faire suivre son nom, dans les proclamations adressées à l’armée d’Egypte : « Bonaparte, général en chef, membre de l’Institut. » Il était sûr, disait-il, qu’en prenant ce titre, il était compris du dernier tambour.

Le 26 décembre, le lendemain de son élection, le nouveau membre de la 1re Classe adressait à Camus, le président en fonctions de l’Institut national, une lettre de remerciements ; elle reçut tout de suite la publicité du Moniteur universel.


« Paris, 6 nivôse an VI. (26 décembre 1797.)

« Le suffrage des hommes distingués qui composent l’Institut m’honore. Je sens bien qu’avant d’être leur égal, je serai longtemps leur écolier. S’il était une manière plus expressive de leur faire connaître l’estime que j’ai pour eux, je m’en servirais.

« Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l’on fait sur l’ignorance. L’occupation la plus honorable, comme la plus utile pour les nations, c’est de contribuer à l’extension des idées humaines. La vraie puissance do la République Française doit consister désormais à ne pas permettre qu’il existe une idée nouvelle qu’elle <ref> Le texte original porte bien « qu’elle, » au lieu de « qui. » < :ref> ne lui appartienne. — BONAPARTE. »

Le membre de l’Institut élu le 25 décembre prit séance le