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d’argent et d’or. L’attache de son manteau était de diamants, la garniture et le bouquet de plumes roses, la doublure d’une étoffe rose à fleurs d’argent. Il s’avançait avec sa belle mine et son grand air.

Quelques instants plus tard, en présence du Roi et de la famille royale, le prince et la princesse de Condé et leur fille, Mlle de Bourbon, entendaient la lecture du contrat faite par le marquis de Seignelay, secrétaire d’Etat, qui avait la Maison du Roi dans son département.

Dans l’acte dressé par le notaire Lange, relevons seulement ce qui nous intéresse. Le prince de Conti et Mlle de Bourbon étaient mariés sous le régime de la communauté. Ils recevaient de Sa Majesté « pour l’honneur » qu’ils avaient de lui appartenir « de sang et lignage, » les sommes, elle de cent cinquante, lui de cent mille livres. Le prince et la princesse de Condé donnaient à leur fille une dot de huit cent mille livres, dont cinq cent mille d’avance, qu’ils promettaient de constituer en fonds de terre, et trois cent mille à leur décès. Tant qu’ils n’auraient pas convenu de la qualité et de l’estimation de ces terres, ils s’obligeaient à payer chaque année vingt-cinq mille livres d’intérêt. De plus, pour aider à la dépense de la maison des futurs époux, ils ajouteraient une pension de vingt-cinq mille livres jusqu’à ce que le prince de Conti eût recueilli « quelque succession de son chef ou qu’il fût entré en jouissance du total des rentes qui lui appartenaient sur les gabelles de Languedoc affranchies des charges auxquelles lesdites rentes étaient présentement sujettes. » N’oublions pas non plus que le prince de Conti jouissait en 1684 d’un revenu d’environ trois cent mille livres, et que la mort de son frère aîné avait ajouté à sa fortune, sans compter ce qui devait lui revenir le jour où prendrait fin le douaire de sa belle-sœur, au moins cent mille livres de rente.

Cependant le marquis de Seignelay avait achevé sa lecture. La famille royale signa au contrat ; puis M. de Coislin, évêque d’Orléans et premier aumônier du Roi, « petit homme fort gros, qui ressemblait assez à un curé de village, et dont l’habit ne promettait pas mieux, » fit la cérémonie des fiançailles.

Le lendemain 29 juin, vers midi, à la messe du Roi, dans la chapelle de Versailles, où se trouvait toute la cour, il maria les fiancés de la veille. Mlle de Bourbon était vêtue de brocart d’argent