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Wisloka. Les pertes sont énormes ; le nombre des prisonniers s’élèverait à 40 000.



Dimanche, 9 mai 1915.

Depuis le col d’Uszok jusqu’à la Vistule, c’est-à-dire sur un espace de 200 kilomètres, la bataille de Galicie se poursuit avec acharnement.

Partout, les Russes reculent. La rapidité de leur retraite risque de rendre bientôt intenable leur position sur la ligne de la Nida, qui s’étend au Nord de la Vistule.



Mercredi, 12 mai 1915.

Aux Dardanelles, les Anglo-Français avancent avec méthode, en consolidant chaque nuit par des retranchements le terrain gagné pendant le jour. Les Turcs résistent avec une extrême énergie.

Le public russe s’intéresse au moindre détail des combats ; il ne doute pas de leur résultat final, qu’il croit prochain. Dans le jeu de son imagination, il voit déjà les escadres alliées franchir l’Hellespont et s’embosser devant la Corne d’Or ; il en oublie presque les défaites de Galicie. Comme toujours, il demande au rêve l’oubli de la réalité.



Jeudi, 20 mai 1915.

D’après les calculs de l’État-major russe, les forces austro-allemandes engagées contre la Russie ne comptent pas moins de 55 corps d’armée et 20 divisions de cavalerie. Sur ces 55 corps, trois sont arrivés tout récemment de France.



Mercredi, 26 mai 1915.

Les échecs successifs de l’armée russe offrent à Raspoutine l’occasion de satisfaire l’implacable rancune qu’il a vouée depuis longtemps au Grand-Duc Nicolas. Il ne cesse de vitupérer contre le généralissime, qu’il accuse de ne rien connaître à l’art militaire et de chercher uniquement à se créer dans les troupes une popularité de mauvais aloi avec l’arrière-pensée de supplanter l’Empereur. Tout le caractère et tout le passé du