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assez reconnaissant. La vie dans votre intérieur, non seulement est d’une douceur extrême, mais encore rend meilleur, par l’air d’affection et de calme qui s’y respire. J’espère que je pourrai revenir bientôt. En vous quittant, le retour est la seule chose à laquelle je pense ; je ne crois pas beaucoup è l’exécution des projets ; mais si je ne compte pas sur mes prévisions, je garde l’espoir que quelque imprévu m’amènera chez vous avant qu’il soit longtemps.

« Vous savez mes occupations, mes idées, mes pensées vagues sur l’avenir ; nous en causions hier soir ; vous me suivrez facilement d’ici à notre revue. Pour moi, ce m’est une si grande joie, en vous quittant, de connaître tous les lieux entre lesquels vous partagez votre temps ! Je suis, en vous écrivant, auprès de vous à Dijon ; après-demain je vous suivrai à Echalot je chasserai avec vous ; je traînerai la brouette avec Maurice ; j’admirerai la bibliothèque de M. de Blic ; je me chaufferai en famille au coin du feu. Je vais être bien souvent et bien agréablement avec vous, maintenant que je connais tous vos nids. »

Le manuscrit de la Reconnaissance au Maroc avait été achevé au début de 1887, et, tout de suite, les épreuves d’imprimerie avaient commencé d’affluer dans l’appartement de la rue de Miromesnil. Gros travail pour un savant aussi soigneux du détail, et qui voulait que l’œuvre fût habillée comme il l’était lui-même au temps de l’Ecole de cavalerie ! Lourde charge pour un budget que le voyage aux Chotts, dix excursions en France et l’installation à Paris avaient déjà grevé ! « Mes revenus suffisent à ces dépenses extraordinaires, mais juste ; aussi, depuis mon retour du Maroc, je n’ai pas eu à emprunter quoi que ce soit : mais je n’ai pas fait d’économies. J’ai le désir de faire lever mon conseil judiciaire, que j’ai depuis cinq ans... Mon conseil existant, je ne puis penser à d’autres voyages, et, mon livre allant paraître, il est temps de songer à de nouvelles expéditions. »


RENE BAZIN.