Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

libre de choisir. Il est vrai que pour relier cette antinomie, il y a un troisième terme, dont aucun critique ne se préoccupe, et ne paraît se douter. C’est pour cela, que la critique n’existe pas encore et fait généralement plus de bruit que de besogne. Si vous pouviez mettre la main sur la vraie, vous feriez une fière trouvaille, et une révolution en littérature. Mais où la pécher ? Je ne saurais vous dire. Avec la réflexion pourtant, vous verriez bien pourquoi, avec tant de talent et de savoir, les critiques ne font que donner des coups d’épée dans l’eau[1] ? »

F. Buloz, qui n’aimait guère le régime impérial, devait relever les remarques de son correspondant, touchant le progrès que l’Empire imprimait à certaines questions. « Voyez comme ce régime nous abêtit, » s’écrie-t-il, à son tour. « En relisant l’épreuve de cette première partie[2], je me surprenais à chaque instant dans des craintes vagues, et poignantes cependant… À propos de cette première partie, l’idée et les tendances se posent, de façon à ne laisser aucune méprise. Jamais autrefois de pareilles inquiétudes ne m’auraient même traversé l’esprit. Où l’Empire nous fait-il donc reculer ? Au delà de la Restauration et des Congréganistes… Ce qu’il y a de plus décourageant dans le régime impérial, c’est qu’il enlève tout ressort à l’esprit, et prend sous sa protection les plus vilains côtés de l’homme, la peur et l’hypocrisie… N’est-ce pas à faire désespérer du pays ? Je trouve que la Revue n’ose pas assez, et cependant on la trouve, et on me trouve téméraire… Vous me dites de très bonnes choses aussi à propos de la critique. Je sens comme vous ce qui nous manque… Mais où trouver ce qui manque, comment l’édifier avec ce jeune monde si faible, qui vient, qui n’a ni courage ni enthousiasme[3] ? »

Et Mlle la Quintinie ? Fut-elle réellement une cause de scandale ?

Le 5 avril, F. Buloz écrit de Savoie : « Le monde antique et suranné de Chambéry n’est pas content, mais je n’y fais pas attention[4]. » « À Paris jusqu’ici on s’aperçoit seulement que c’est la seconde partie de Sibylle, et une réponse à M. Feuillet… »

Il est vrai que le directeur de la Revue surveillait les épreuves

  1. Collection S. deLoveajoul, 17 février 1863, f. 159. Inédite.
  2. Mlle La Quintinie.
  3. Collection S. de Lovenjoul, F. 80. Inédite.
  4. Collection S. de Lovenjoul, F. 90, Inédite.