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plus rapides ; ce sont les ondes des rayons les plus pénétrants parmi les rayons gamma des substances radio-actives, qui sont les rayons X naturels. La plus petite longueur d’onde trouvée jusqu’ici pour les rayons gamma est égale à seulement sept milliardièmes de millimètre. Ce sont donc des ondes cent mille fois plus courtes que les ondes de la lumière rouge qui sont elles-mêmes dix milliards de fois plus petites que les ondes hertziennes les plus longues. Ainsi la gamme des ondulations de l’éther comprend des vibrations dont les unes sont un million de milliards de fois plus petites que les autres.

D’ailleurs, il n’est plus douteux maintenant que, de même qu’entre les ondes hertziennes et les ondes lumineuses, une transition continue existe entre les rayons ultra-violets et les rayons X. Cela est démontré d’abord par les recherches de Milikan qui, récemment, a découvert des rayons ultra-violets encore doux fois plus courts que ceux de Lyman et ensuite par les beaux travaux de M. Holweck, qui a réussi depuis peu à produire des rayons X d’une « douceur » jusqu’à lui inconnue, c’est-à-dire d’une longueur d’onde relativement énorme, et qui est voisine de deux dix-millièmes de millimètre.

Ainsi, dans cette immense gamme muette dont les vibrations de l’éther emplissent le monde, et qui va des ondes hertziennes aux rayons gamma, il n’y a plus maintenant de lacune. Rien ne prouve d’ailleurs qu’on ne trouvera pas bientôt des rayons encore plus longs que les ondes hertziennes, plus courts et plus prodigieux encore que les rayons X et gamma. Il y a, disait Shakspeare qui pourtant n’a pas connu ces merveilles, plus de choses entre le ciel et la terre que n’en contient toute notre philosophie...


CHARLES NORDMANN.