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les rayons qui rasent le bord d’une fenêtre, on voit avec des instruments suffisamment sensibles qu’au lieu d’un passage brusque de la lumière à l’ombre, il y a en réalité une transition causée par la présence de petites bandes de lumière alternativement sombres et lumineuses, très rapprochées et d’intensité rapidement décroissante.

Revenons maintenant à notre hypothèse. D’après ce qui précède, pour expliquer que les rayons X ne sont pas réfléchis ni arrêtés par les substances matérielles, il suffit d’admettre qu’ils sont constitués par des ondes très petites, beaucoup plus petites que les distances, les intervalles qui séparent les unes des autres les molécules matérielles. En ce cas, au lieu d’agir sur elles comme une surface unique et continue, comme un bloc homogène, comme le mur qui réfléchissait tout à l’heure nos ondes sonores, la matière agit sur nos petites ondes de Rœntgen, comme feraient vis-à-vis du son, une série de ces piquets dont nous parlions et que contournent les ondes sonores. Les rayons X ne seront donc pas arrêtés, ni réfléchis par la matière ; ils passeront entre les molécules de celle-ci comme le son passe entre des piquets espacés. On sait, en effet, depuis longtemps, par toutes les découvertes de la physique moléculaire, que non seulement dans les gaz, mais dans tous les corps solides que nous connaissons, les molécules matérielles sont séparées les unes des autres par des intervalles bien plus grands que leurs propres dimensions, ce qui légitime notre comparaison. Dans ces conditions, on s’explique aussi et immédiatement pourquoi les métaux lourds, comme le plomb, absorbent davantage, arrêtent mieux les rayons X que les métaux légers comme l’aluminium, et pourquoi d’une manière générale les substances arrêtent d’autant mieux les rayons qu’ils sont plus denses. Les molécules, les piquets sont en effet d’autant plus volumineux, et d’autant plus serrés les uns contre les autres, par conséquent ils laissent d’autant moins filtrer les rayons, que la substance considérée est plus dense.

Considérons à nouveau maintenant les phénomènes de diffraction. La lumière, lorsqu’elle traverse une fente très mince, produit de l’autre côté de la fente, et comme nous l’avons dit, une série de franges de diffraction, de bandes alternativement sombres et lumineuses, de cannelures brillantes. La distance de deux bandes successives dépend de la largeur de la fente et de la longueur d’onde de la lumière incidente. Il s’ensuit qu’une lumière composée de plusieurs longueurs d’ondes différentes, comme la lumière du soleil par exemple, observée à travers une fente fine, donnera des franges d’interférence différemment