Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/928

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très bien compte des propriétés qu’ont les rayons X et aussi des propriétés qui leur manquent.

Supposons, en effet, pour prendre une comparaison du profes-eur Righi, que des ondes sonores, telles que le bruit d’une cascade, frappent un objet de dimensions assez grandes comme un mur. Elles seront réfléchies régulièrement par cet objet, ainsi qu’on peut le constater. Au contraire, elles ne seront pas réfléchies, si elles tombent sur un objet beaucoup plus petit tel qu’un pieu enfoncé dans le sol. Les ondes sonores alors, celles du moins qui parviennent à cet obstacle négligeable pour elles, le contourneront simplement et continueront leur chemin derrière lui. En somme, pour qu’il y ait réflexion régulière des ondes incidentes, il faut que les dimensions du corps réfléchissant soient plus grandes que la longueur de ces ondes (et qui, dans le cas des ondes sonores, du la normal, par exemple, est de quelques décimètres). Faute de quoi, les ondes contournent l’obstacle sans être rejetées par lui vers leur point de départ. C’est ainsi qu’un serpent, qui se propage lui aussi sur le sol par des ondulations, franchira sans difficulté les petits cailloux semés sur sa route et sera, au contraire, arrêté par un mur.

Une application en grand de ce phénomène est réalisée dans la télégraphie sans fil : si les ondes hertziennes contournent les obstacles matériels, les montagnes, les maisons, la rotondité même de la surface terrestre, c’est à cause de leur grande longueur d’onde. C’est pour le motif contraire que la lumière est arrêtée par le plus léger obstacle, tandis que le son aux ondes plus longues contourne des obstacles assez volumineux. Lorsqu’une radiation contourne un obstacle dont les dimensions ne sont pas grandes par rapport à la longueur d’onde de cette radiation, celle-ci est donc seulement un peu déviée de sa route par l’obstacle, au lieu d’être réfléchie. Cette déviation produit ces phénomènes qu’on appelle en optique la diffraction. Sans entrer dans le détail de ces phénomènes dont l’étude constitue une des branches les plus séduisantes et les mieux connues de l’optique ondulatoire, il importe d’en dire ici quelques mots, car ce sont eux qui nous ont fourni la clef du problème des rayons X.

J’ai indiqué récemment ici même, à propos de la formation des images des étoiles dans les télescopes et les lunettes, que ces images sont constituées par un point central brillant autour duquel s’étagent de petits cercles de diffraction alternativement sombres et lumineux et d’intensités décroissantes. Pareillement, si on étudie la nature des rayons lumineux au bord d’un écran qui les intercepte, par exemple