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produit à la surface de l’eau ? Mais alors les rayons X devraient être susceptibles de se réfléchir, de se réfracter, de se diffracter, de se polariser, d’interférer, à l’instar des vibrations connues (hertziennes, calorifiques, lumineuses, ultra-violettes) de l’éther. Or Rœntgen et ses successeurs immédiats ont vainement essayé de produire avec les rayons X des phénomènes de réflexion, de réfraction, de diffraction, de polarisation et d’interférence. Mais alors ?

On a cru sortir d’embarras en admettant que les rayons X étaient, comme la lumière, des vibrations ondulatoires de l’éther, mais avec cette différence que, dans le cas de la lumière, ces ondulations sont continues, tandis que, dans le cas des rayons X, elles seraient intermittentes, interrompues à chaque instant et immédiatement amorties, n’étant émises que chaque fois qu’un corpuscule cathodique viendrait frapper l’anticathode.

Il est certain, ou du moins pour parler correctement, il est plausible, en effet, qu’un projectile lancé comme l’électron des rayons cathodiques à la vitesse de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres et même parfois de plus de 200 000 kilomètres par seconde, doit, lorsqu’il arrive sur ce blindage résistant qu’est une surface métallique, y produire et y subir un choc, une perturbation d’une brusquerie extrême. Que cette perturbation se traduise par un ébranlement instantané, une pulsation de l’éther, cela n’a non plus rien d’invraisemblable. L’impact des projectiles cathodiques contre l’anticathode produirait donc une sorte de pulsations de l’éther qui ne différerait des ondulations de celui-ci qu’autant que, dans le domaine des vibrations acoustiques, un bruit causé par un choc ou une explosion diffère d’un son musical. Le caractère musical d’un son provient précisément de la succession périodique des actions exercées sur l’oreille par les vibrations régulières qui se succèdent avec continuité vers l’oreille. Au contraire, dans le cas d’un bruit, on n’a affaire qu’à une onde instantanée et solitaire. Les rayons de Rœntgen seraient donc les bruits de l’éther, tandis que la lumière avec toutes ses gammes variées en serait la musique.

Cette hypothèse expliquait qu’on ne peut produire d’interférence avec les rayons X ; malheureusement, elle clochait sur divers autres points On en était là, c’est-à-dire à zéro ou du moins à pas grand’chose, lorsque le physicien Laue eut une idée véritablement géniale.

Depuis longtemps certains physiciens avaient émis l’hypothèse que les rayons X sont des vibrations et non des pulsations de l’éther,