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vide suffisant pour produire les phénomènes cathodiques ne suffit pas pour engendrer les rayons Rœntgen ; il faut pousser l’épuisement des gaz encore plus loin, à un degré si élevé que le tube est sur le point de ne plus laisser passer du tout la décharge électrique.

On remarqua aussi que les rayons X produits étaient d’autant plus pénétrants que le vide était poussé plus loin. Il fut prouvé ainsi que les rayons X étaient d’autant plus pénétrants que la force d’impulsion électrique des rayons cathodiques producteurs était plus grande, c’est-à-dire que les particules infimes, les électrons constituant les rayons cathodiques [1] frappaient avec plus de violence la paroi du tube d’où émanaient en conséquence les rayons X. Dans le tube initial de Rœntgen les rayons provenaient du point de la paroi de verre qui était en face de la cathode. On remarqua que ces rayons nouveaux étaient émis avec plus d’énergie si, à la place de ce point de la paroi, on fixait dans le tube une plaque de métal qui, pour ce motif, fut appelée l’anticathode. Tout cela pour mémoire.

Je passe rapidement sur les applications pratiques aujourd’hui classiques et même populaires des rayons X. La pratique va souvent plus vite que la théorie : un aveugle fait plus de chemin qu’un paralytique. C’est ainsi qu’il a fallu attendre bien longtemps avant de savoir non pas comment on fait des rayons X, mais ce que sont ces rayons. Depuis très peu de temps, on commence à être, après une longue période de controverse et d’ignorance, fixé là-dessus. Ce sont ces découvertes récentes dont je voudrais maintenant exposer les grandes lignes et la haute importance.


Dès la découverte des rayons X, et comme il arrive toujours quand « on ne sait pas encore, » les hypothèses se sont multipliées relativement à leur nature.

Les rayons X sont-ils un bombardement corpusculaire analogue aux rayons cathodiques ou aux rayons alpha et bêta du radium, une émission de projectiles minuscules lancés par l’anticathode ainsi que les balles d’une mitrailleuse ? Cette hypothèse a dû être rapidement abandonnée. Sont-ils au contraire de simples vibrations immatérielles du milieu qui emplit tout l’espace... du moins on le dit... et qu’on appelle l’ « éther ? » Sont-ils en un mot parents de la lumière qui se propage dans cet éther comme les ondes que la chute d’une pierre

  1. Je rappelle que les électrons des corpuscules cathodiques ont une masse qui est près de 2 000 fois plus petite que celle de l’atome d’hydrogène.