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exacte où tant de mystère régnait, naguère encore, que pour les nommer, on ne put mieux faire qu’emprunter à la science le signe bref qui est pour elle le symbole même de l’inconnu.

Mais d’abord, un bref rappel du passé qui étayera les mémoires, quelquefois un peu négligentes par ces temps où les questions de physique... et même de morale, ont cessé d’être les dominantes.

Les rayons X sont une radiation qui prend naissance lorsque les rayons cathodiques viennent frapper violemment un corps solide. Je rappelle que les rayons cathodiques sont constitués par un bombardement ininterrompu d’ « électrons, » de ces petits projectiles infinitésimaux auxquels j’ai consacré naguère ici même une étude à laquelle je prie mes lecteurs de se reporter.

Quant aux rayons cathodiques, je rappellerai qu’on les produit communément, dans un tube de verre où l’on a créé un vide assez élevé et au travers duquel on fait passer une décharge électrique. Lorsque, dans un tube de verre contenant de l’air ou un gaz quelconque, on fait passer un courant électrique à haut potentiel et qu’on y fait en même temps un vide progressif, on voit les phénomènes produits se modifier à mesure que s’accentue le degré de vide réalisé. Lorsque le vide est tel qu’il ne reste plus qu’un trois centième à peu près de l’air qui se trouvait au début dans le tube, celui-ci se remplit d’une merveilleuse lueur cramoisie qui, à une des extrémités, prend une teinte violette. Un vide un peu plus élevé manifeste dans le tube des stries palpitantes aux couleurs merveilleuses qui dansent le long des parois de verre, tandis que celles-ci luisent elles-mêmes d’une étrange fluorescence. Chaque gaz, lorsqu’on modifie le contenu du tube, donne sa teinte particulière et caractéristique, et, pour chacun, les phénomènes sont différents aux divers degrés du vide.

Lorsque le vide est suffisamment « poussé, » ces phénomènes de luminescence gazeuse disparaissent, l’intérieur du tube est sensiblement obscur et on n’y remarque plus guère qu’une fluorescence locale du verre à l’endroit du tube qui est opposé à l’électrode (c’est-à-dire à la prise interne de courant) par laquelle le courant électrique sort du tube. Cette électrode s’appelle la cathode ; mes lecteurs sont assurément assez versés dans les racines grecques pour qu’il ne soit pas nécessaire de leur expliquer le sens de ce mot. Ce sont certains rayons émanés de cette cathode et que, pour cette raison, on a appelés rayons cathodiques qui produisent la fluorescence caractéristique du tube de verre à l’endroit frappé par eux. Comment Crookes et ses successeurs ont étudié les propriétés de ces rayons, c’est ce qu’on me permettra de