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à ce programme et son exécution soutenue demandent certaines concessions à chacune des Puissances. Ces concessions sont-elles si grandes qu’elles comportent de leur part des sacrifices impossibles ? On ne le croit pas, car leurs points de vue sont moins éloignés qu’il ne parait. La Grande-Bretagne par exemple, malgré son désintéressement apparent pour la forme du Gouvernement russe, malgré les accords commerciaux qu’elle vient de conclure, a-t-elle plus de sympathie que la France pour le bolchévisme, et peut-elle tolérer l’ingérence des agents des Soviets dans sa vie intérieure et dans ses possessions lointaines ? Comme nous, la Grande-Bretagne et l’Italie n’ont-elles pas intérêt à écarter la possibilité d’une collusion germano-russe qui rendrait impossible l’exécution du Traité de Versailles ? Et ces sacrifices, seraient-ils d’importance, que pèsent-ils en face du danger commun ? Les Puissances ont dû en faire de semblables pendant la guerre, et rien ne ressemble plus à la guerre que la paix incomplète dont nous jouissons aujourd’hui. — Qu’elles se reportent à leurs inquiétudes du mois d’août 1920. Ce qu’on a appelé le miracle de la Vistule les en a dégagées pour quelques mois. Il faut accepter le bienfait des miracles quand ils se produisent. Il est prudent de donner à sa politique des bases moins hypothétiques.