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Il semble, tout d’abord, que les Puissances alliées devraient, par une déclaration concertée, définir leur attitude vis-à-vis du peuple russe et du régime qui l’opprime. Elles s’inspireraient avantageusement, pour le faire, de la note remise le 13 août 1920 par le secrétaire d’État des États-Unis à l’ambassade italienne de Washington. Les Puissances alliées y affirmeraient qu’elles estiment impossible de reconnaître le régime bolchéviste et de nouer des relations officielles avec un Gouvernement résolu à faire de son service diplomatique une agence d’intrigues, de propagande et de révolte contre les régimes établis ; — qu’en luttant contre le développement du programme révolutionnaire des Soviets, elles entendent combattre uniquement le bolchévisme et non la nation russe ; — qu’elles prennent au contraire vis-à-vis de la Russie de demain, quel que soit le régime auquel se ralliera sa volonté librement exprimée, l’engagement de respecter son intégrité territoriale, sous réserve d’une juste application du principe des nationalités ; — qu’elles sont disposées, dès que le régime intérieur le rendra possible, à unir leurs efforts pour la remise en valeur du patrimoine économique russe.

Ces principes fixés, les points essentiels du programme d’action pourraient être les suivants :

Adoption pour chaque Puissance de mesures rigoureuses contre le développement du Bolchévisme intérieur, expulsion des Bolchévistes russes ou étrangers, répression sévère de toute propagande, saisie des documents séditieux. L’entente entre les Puissances est nécessaire pour donner tout leur effet à ces mesures, car il ne faut pas que les expulsés trouvent dans des territoires voisins un asile et une base d’action.

Ajournement des relations commerciales avec le Gouvernement des Soviets. D’une part, en effet, la Russie n’a rien à vendre, son régime a tué toute vie économique ; elle ne peut payer ses achats qu’avec un or dont elle ne dispose que par banqueroute, ou avec un trésor constitué par la nationalisation, c’est-à-dire par le vol, des objets de valeur. D’autre part, la reprise des échanges aurait pour premier résultat de donner au Gouvernement des Soviets les moyens de compléter l’équipement et le ravitaillement de ses troupes, d’améliorer ses transports en chemin de fer, et contribuerait ainsi à augmenter la force combative de l’Armée Rousse. Est-ce le moment de