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Le gouvernement de Moscou ne renonce pas à prendre sa revanche, et l’attitude de ses plénipotentiaire transférés à Riga prouve qu’il escompte encore la possibilité d’un retour offensif prochain avec le concours des Lithuaniens. Mais il lui faut gagner le temps de préparer ce nouvel effort.

Dans ce dessein, et tandis que les armées polonaises que la poursuite a orientées vers le Nord, opèrent leur regroupement face à l’Est sur un front partant de la frontière allemande vers Craievo et jalonné par Bialystock et Brest-Litowsk, le commandement bolchéviste essaie d’entraver leur liberté d’action en les inquiétant sur leurs arrières : il rappelle les forces de Budieny dans la région de Sokal et les lance à l’attaque en direction de Lublin.

Du 27 août au début d’octobre, les armées polonaises vont mettre hors de cause l’armée de Budieny, rejeter au delà du Styr et du Zbrucz les forces bolchévistes du front Sud, devancer l’offensive en préparation sur le front Nord et ruiner ainsi les derniers espoirs du Gouvernement des Soviets.

Sur le front Sud, Budieny s’est avancé jusqu’à Zamosc. Attaqué concentriquement grâce à l’intervention d’une armée polonaise ramenée du front Nord, il échappe à grand’peine à l’encerclement et se replie en désordre derrière le Bug. L’offensive polonaise s’élargit progressivement du Pripet au Dniester ; elle reprend Kovel le 14 septembre, Rovno le 19 ; plus au Sud, elle atteint Tarnopol le 20 et regagne le Zbrucz.

Sur le front Nord, le maréchal Pilsudski dirige en personne les opérations : deux armées polonaises, partant de la région comprise entre Suwalki et la vallée du Pripet, entreprennent le 22 septembre une offensive de grand style, qui aborde de front l’ennemi établi solidement en avant de Grodno et de Volkovysk, vise à le prendre à revers par un vaste mouvement débordant orienté vers Lida, et à couper successivement ses lignes de retraite vers Molodechno et Minsk.

L’armée rouge, après quatre jours de durs combats autour de Grodno et de Volkovysk, pivote sur son aile gauche ; de plus en plus débordée par le Nord, elle abandonne successivement la ligne de la Shahara, puis le nœud ferré de Baranovitchi. Dans les premiers jours d’octobre, elle renonce à la lutte et se replie derrière la Bérésina.

Du 22 septembre au 5 octobre, elle a laissé entre les mains